La valeur des maisons bondit de 33 % à Brossard et de 28 % à Saint-Lambert dans le nouveau rôle triennal d’évaluation foncière de l’agglomération de Longueuil accessible en ligne depuis peu.

Ces hausses de valeur étant supérieures à la moyenne observée dans le secteur résidentiel de l’ensemble de l’agglomération de Longueuil, il faut s’attendre à ce que les contribuables de Brossard et de Saint-Lambert paient plus qu’auparavant pour les services d’agglomération.

« Le rôle d’évaluation est d’abord un instrument majeur de partage de la charge fiscale, lit-on sur la page web de la Ville de Longueuil consacrée au nouveau rôle. Il sert également de base à la taxation foncière et scolaire et est utilisé pour répartir les dépenses entre différents organismes [Communauté métropolitaine de Montréal, Réseau de transport de Longueuil, etc. ]. »

Le communiqué de la Ville annonçant le dépôt du rôle sortira ce vendredi matin.

Avec une population de 426 000 habitants, l’agglomération de Longueuil comprend aussi les villes de Brossard, Saint-Lambert, Saint-Bruno-de-Montarville et Boucherville. La ville de Longueuil couvre aussi le territoire des anciennes villes de Greenfield Park, LeMoyne et Saint-Hubert.

Le rôle 2022-2023-2024 reflète la valeur des immeubles au 1er juillet 2020. Au total, la richesse foncière de l’agglomération a grimpé de 21,4 % par rapport au rôle précédent, passant de 64,5 à 78,3 milliards.

« À l’instar des autres villes de la grande région de Montréal, le marché immobilier des villes de l’agglomération de Longueuil a progressé de façon plus importante que lors du dernier dépôt des rôles d’évaluation qui a eu lieu en 2018 », lit-on sur la page web de la Ville.

La valeur moyenne d’une maison dans l’agglomération s’élève maintenant à 473 207 $, en hausse de 25 %. Deux villes ont connu une plus forte augmentation. À Brossard, le marché ayant été stimulé par l’arrivée prochaine du Réseau express régional (REM), la hausse atteint 33 %. Une maison vaut en moyenne 536 072 $. Elle est suivie de peu par Saint-Lambert, qui a connu une progression de 28 % de la valeur moyenne des maisons, qui atteint maintenant 823 292 $.

A contrario, Longueuil, Saint-Bruno-de-Montarville et Boucherville ont connu une hausse des valeurs inférieure à la moyenne de l’agglomération, du moins dans le secteur résidentiel. Une situation qui ouvre la porte à un allègement du fardeau fiscal pour les citoyens de ces trois villes.

Les hausses de valeur sont moins fortes dans la copropriété. Elles varient de 16 % à 22 % selon les villes. Si Saint-Lambert est la ville où les maisons se vendent le plus cher, elle laisse le titre à Saint-Bruno-de-Montarville pour ce qui est des condos. Leur valeur moyenne s’établit dans cette ville à 403 820 $. Suit Boucherville à 354 540 $, puis Saint-Lambert à 330 625 $.

À l’intérieur d’une même ville, une hausse spectaculaire des valeurs au rôle ne se traduit pas automatiquement par une hausse du compte de taxes municipales. Le compte de taxes est fonction de la valeur foncière, certes, mais aussi du taux de taxation qui est déterminé par le conseil municipal lors de l’adoption du budget annuel. Logiquement, une hausse des valeurs de 25 %, par exemple, sera compensée par une baisse du taux de taxation du même ordre pour maintenir à peu près constants les revenus de taxation.

La valeur des terres agricoles explose

Dans le secteur non résidentiel, les valeurs de propriétés commerciales (centres commerciaux, boutiques) progressent de 7 %. La catégorie service, qui inclut les bureaux, avance de 11 %. L’industriel est à 16 %. Plus spectaculaire, la valeur des terrains vacants se gonfle de 58 %. La valeur des terres agricoles s’envole à la verticale : +67 %.

C’est inquiétant. Il y a un transfert du fardeau fiscal du secteur résidentiel au secteur agricole dans plein de municipalités au Québec.

Charles-Félix Ross, directeur général de l’Union des producteurs agricoles

« Ça fait des années qu’on demande que les Villes appliquent obligatoirement un taux de taxation distinct sur les terres agricoles, comme elles ont le droit de le faire, plutôt que d’utiliser le taux de taxation du secteur résidentiel », poursuit M. Ross.

Québec rembourse jusqu’à un maximum de 85 % les taxes municipales sur les terres agricoles en culture. Le compte de taxes est en plus soumis à un plafond de 33 000 $ par hectare. Mais ce plafond étant soumis à une indexation correspondant grosso modo à la hausse moyenne du prix des terres au Québec, un alourdissement du fardeau fiscal des agriculteurs est appréhendé par l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Dans l’agglomération de Longueuil, il existe 202 propriétés agricoles couvrant une superficie de 48 millions de pieds carrés. Dans la Communauté métropolitaine de Montréal, 55 % des terres agricoles n’appartiennent pas aux agriculteurs, souligne le directeur général de l’UPA.