La conservatrice Lisa Raitt et la libérale Anne McLellan présideront en octobre la « Coalition pour un avenir meilleur »

(Ottawa) Deux anciennes ministres fédérales, l’une d’allégeance libérale, et l’autre, conservatrice, unissent leurs efforts pour coprésider un sommet économique en octobre ayant pour principal objectif d’établir une feuille de route détaillée qui permettra d’assurer la prospérité du pays au moment où la planète amorce une transition énergétique.

L’ancienne ministre des gouvernements libéraux de Jean Chrétien et de Paul Martin Anne McLellan et l’ex-ministre du gouvernement conservateur de Stephen Harper Lisa Raitt s’entendent pour dire que ce sommet national, le premier du genre, arrive à un moment crucial pour jeter les bases d’une vision économique « ambitieuse » et « inclusive » après la pandémie de COVID-19.

Le sommet, qui se déroulera sous la bannière d’une « Coalition pour un avenir meilleur » et qui aura lieu à Ottawa les 27 et 28 octobre, rassemblera des dirigeants et des intervenants de tous les horizons et se tiendra vraisemblablement cinq semaines environ après que les Canadiens auront été aux urnes. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, devrait déclencher des élections d’ici 10 jours, et le scrutin devrait avoir lieu le lundi 20 septembre.

En prévision de ce sommet, Mmes McLellan et Raitt auront aussi l’appui d’un comité consultatif composé d’une douzaine de membres aux parcours aussi variés qu’impressionnants.

Parmi ces membres, on compte notamment Dax Dasilva, président et chef de la direction de Lightspeed ; Monique Leroux, présidente du Conseil sur la stratégie industrielle, vice-présidente du conseil de Fiera Capital Gestion privée et ex-présidente et cheffe de la direction du Mouvement Desjardins ; Mark Little, président et chef de la direction de Suncor Énergie ; Stephen McNeil, ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse et conseiller stratégique en affaires chez Cox & Palmer ; Carolyn Wilkins, du Financial Policy Committee de la Bank of England et ancienne première sous-gouverneure de la Banque du Canada ; ainsi qu’Hassan Yussuff, ex-président du Congrès du travail du Canada.

Des défis nombreux et variés

En entrevue avec La Presse, jeudi, les anciennes ministres McLellan et Raitt ont soutenu à tour de rôle qu’il importait d’élaborer des politiques de croissance qui, mises en œuvre, permettraient de verdir l’économie canadienne, de réduire les inégalités sociales et d’assurer la pérennité des programmes sociaux auxquels sont attachés les Canadiens.

« Nous sommes en train de traverser une pandémie. Les gouvernements, les entreprises et la société civile ont tous mis la main à la pâte pour y arriver. L’économie a été soutenue durant la crise. Maintenant, il faut s’assurer qu’il y aura de la croissance et de la prospérité, et un niveau de vie décent pour les gens. Il nous faut un gros brassage d’idées pour accoucher d’une vision économique solide », a affirmé Lisa Raitt, qui a dirigé le ministère des Ressources naturelles, celui du Travail et celui des Transports durant le règne de Stephen Harper.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Lisa Raitt a souligné que de nombreux défis poignaient à l’horizon sur le plan économique.

Elle a souligné que de nombreux défis poignaient à l’horizon sur le plan économique : une main-d’œuvre vieillissante, une pénurie de travailleurs, une paperasserie qui ne cesse de s’alourdir pour les entreprises, la crise des changements climatiques, sans oublier la réconciliation avec les Premières Nations, a-t-elle cité à titre d’exemples.

Selon Mme Raitt, ces défis ont d’ailleurs remonté à la surface avec plus d’acuité durant la pandémie. Malgré tout, elle se montre optimiste quant à la suite des choses. L’important, selon elle, c’est de nous assurer que les grandes conclusions du sommet à venir ne restent pas sans lendemain.

« Cette pandémie a démontré une chose : quand nous travaillons ensemble, nous pouvons réaliser de grandes choses », a fait valoir Mme Raitt, qui a aussi brigué la direction du Parti conservateur en 2017.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Lisa Raitt

Le grand défi, c’est de s’assurer que les fruits de nos travaux aient un impact à long terme et durent plus longtemps qu’un cycle électoral, et plus longtemps qu’un mandat de gouvernement.

Lisa Raitt, ex-ministre conservatrice

Elle se réjouit d’ailleurs de coprésider le sommet avec Anne McLellan, qui a été ministre de la Justice et ministre de la Santé dans le gouvernement Chrétien et vice-première ministre dans le gouvernement Martin.

« Avoir Anne McLellan avec moi pour coprésider le sommet est évidemment d’une importance capitale. Et la liste des gens qui font partie du comité consultatif économique pour appuyer les travaux du sommet est impressionnante », a-t-elle assuré.

Une conversation qu’« il faut avoir »

Quant à elle, Anne McLellan, qui représentait l’Alberta à la table du Cabinet, province dont l’économie dépend encore largement des énergies fossiles, a affirmé que les forces vives du pays ne pouvaient plus se permettre de travailler « en silo ».

« C’est un exercice important dans lequel nous nous engageons. Ce ne sera pas facile. Nous allons rassembler des voix qui pensent différemment sur la suite des choses. Mais il faut avoir cette conversation nationale au sujet de ce que nous devons faire pour assurer notre prospérité à long terme, pas seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social. L’avenir de nos programmes sociaux dépend en grande partie de la prospérité que nous allons bâtir », a soutenu l’ancienne ministre.

L’idée de tenir un tel sommet a été lancée par le Conseil canadien des affaires, qui a obtenu le concours d’autres groupes pour mener à bien ce projet.