(Burlington) Du côté américain de la frontière, les commerçants attendent avec impatience le retour des touristes canadiens.

« Nous avons hâte d’accueillir nos visiteurs du Canada afin qu’ils puissent vraiment adopter notre nouvel emplacement à Burlington, car je sais qu’ils vont l’aimer autant que nous », a déclaré Elizabeth White, directrice de Dream Yacht Charter, une entreprise de location de bateaux.

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La directrice de Dream Yacht Charter, Elizabeth White

Avant la pandémie de COVID-19, on pouvait compter des dizaines de bateaux de plaisance ancrés dans le lac Champlain, au large de Burlington, la plupart d’entre eux provenaient du Québec. Cette année, le mouillage est presque vide à cause de la fermeture de la frontière des États-Unis et du Canada.

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La marina de Burlington

Les personnes qui dépendent directement et indirectement de ces plaisanciers espèrent un retour des Canadiens assez tôt pour éviter de perdre un deuxième été à cause de la pandémie.

On ignore encore quand la frontière rouvrira complètement. Les gouvernements américain et canadien ne prévoient pas faire d’annonce dans un sens ou l’autre avant le 21 juillet.

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Le prolongement de cette mesure est dénoncé par plusieurs, étant donné l’augmentation des taux de vaccination et la baisse des taux d’infection.

Selon une association touristique américaine, chaque mois de fermeture coûte 1,5 milliard. Du côté canadien, on dit avoir accueilli environ 22 millions de visiteurs étrangers en 2019, dont 15 millions en provenance des États-Unis.

Au-delà de ces chiffres, il y a l’angle humain.

Par exemple, les villages voisins de Derby Line au Vermont et de Stanstead au Québec. Depuis le début de la pandémie, des gens des deux pays s’y rendent afin d’organiser des réunions de famille impromptues. Comme la frontière passe au milieu d’une rue résidentielle, chacun se parle de son côté sans franchir les lignes et… sans se toucher. Les va-et-vient ne sont pas autorisés.

À l’autre bout de la frontière, dans l’État de Washington, une épicerie de Point Roberts risquait de fermer jusqu’à ce que l’État lui accorde une subvention de 100 000 $ en attendant le retour de ses clients canadiens. Le commerce est situé à la pointe d’une péninsule au sud de Vancouver, un petit territoire de huit kilomètres carrés n’ayant pas un lien direct, autre que maritime, avec les États-Unis.

Au nord du Michigan, un pont relie les deux villes de Sault-Sainte-Marie. Denise Boston Talentino, qui a la double citoyenneté, vit du côté américain depuis 26 ans. Conseillère en toxicomanie, elle pouvait se rendre à son travail au Canada, jusqu’à sa retraite en novembre, mais elle ne pouvait pas y visiter sa famille.

« Les États-Unis et le Canada ont toujours été un seul monde pour moi. Je n’aurais jamais imaginé que cela durerait aussi longtemps », dit-elle en parlant des restrictions de déplacement.

Les autorités canadiennes souhaitent que 75 % de la population admissible soit entièrement vaccinée avant d’assouplir les restrictions à la frontière. Elles s’attendent à recevoir assez de doses pour vacciner entièrement 80 % des Canadiens admissibles d’ici la fin de juillet.

Au 1er juillet, ce taux s’élevait à 35 %.

« Nous sommes optimistes. La diminution des cas et l’augmentation de la couverture vaccinale permettront en temps voulu un assouplissement progressif des mesures à la frontière, explique Madeleine Gomery, une porte-parole du ministre de la Sécurité publique du Canada, Bill Blair. En attendant, nous procédons avec la prudence appropriée des deux côtés de la frontière en suivant les conseils des experts en santé publique et en encourageant les Canadiens à continuer de se faire vacciner. »

Nathaniel Erskine-Smith, un député libéral de la région torontoise, dit exercer des pressions pour la réouverture en toute sécurité de la frontière. Selon lui, l’assouplissement des conditions d’entrée pour les citoyens canadiens à compter de lui est une étape importante afin de renforcer la confiance dans les voyages.

« Je continue de penser que nous devrions aller plus vite », ajoute-t-il.

M. Erskine-Smith déplore que les responsables américains et canadiens n’aient pas commencé ce processus, il y a plusieurs mois, notamment en précisant ce qui sera accepté comme une preuve acceptable de vaccination.

Du côté américain, les politiciens poussent l’administration Biden à aller de l’avant avec un plan de réouverture de la frontière.

« Nous, au Vermont, sommes pour le rétablissement des relations transfrontalières dès que possible », déclare le sénateur démocrate du Vermont, Patrick Leahy. Ces décisions devraient s’appuyer sur des preuves scientifiques solides et non sur la politique. »

Mais en attendant, à Old Orchard Beach, dans le Maine, on s’ennuie des touristes québécois. L’Alouette Beach Resort n’a accueilli qu’un seul client canadien pendant le long week-end de la fête nationale du Québec.

Son propriétaire, Fred Kennedy, dit que les pertes ont été compensées en partie par la présence des visiteurs américains. Et déjà, des Canadiens se renseignent dans l’espoir de pouvoir venir plus tard au cours de l’été.

« Les Canadiens nous manquent encore, souligne-t-il. Ils donnent une saveur à Old Orchard. »