(Paris) L’OCDE a relevé lundi ses prévisions de croissance mondiale pour 2021 et 2022, tout en mettant en garde contre une rechute de l’économie en raison de la persistance de « vents contraires ».  

Tout en se félicitant de la vigueur de la reprise, l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui compte 38 pays représentant 60 % du PIB mondial, s’inquiète en particulier de la vaccination contre la COVID-19, trop lente dans les pays pauvres et de la nervosité des marchés financiers.

La reprise est là : après une récession historique en 2020, qui a vu l’économie mondiale se contracter de 3,5 %, l’OCDE pronostique une hausse du PIB de 5,8 % en 2021, « le taux le plus élevé depuis 1973 » a précisé l’économiste en chef de l’institution, Laurence Boone, lors d’une conférence de presse.

« Si la vaccination s’accélère et que les gens dépensent l’argent qu’ils ont épargné, la croissance pourrait être encore plus forte », a-t-elle assuré.

Pour 2022, année qui devrait voir la plupart des économies retrouver leur niveau de 2019, l’OCDE table sur une croissance de 4,4 %. L’organisation prévoyait en mars une croissance mondiale de 5,6 % cette année, et de 4 % l’an prochain.

« Les gouvernements ont administré près de 2 milliards de doses de vaccins » et « jamais lors d’une crise on n’aura vu des politiques publiques aussi rapides et efficaces, que ce soit en matière de santé, de développement d’un vaccin ou sur le plan monétaire, budgétaire et financier », a relevé la Française en présentant ce rapport-phare de l’OCDE.  

Hausse de la production manufacturière, forte reprise du commerce mondial de marchandises, rebond de la consommation post-confinement : nombre de signaux sont au vert.  

« Vents contraires »

« Pourtant, encore trop de vents contraires persistent », met en garde l’OCDE. En particulier, « tant que la grande majorité de la population mondiale ne sera pas vaccinée, nous continuerons d’être à la merci de l’émergence de nouveaux variants ».  

De nouveaux reconfinements lamineraient la « confiance » et nombre d’entreprises, « bien protégées jusque-là, mais souvent lestées d’une forte dette pourraient faire faillite », prévient Mme Boone.  

« Il y a trop peu de coopération internationale et le résultat, c’est que les perspectives de reprise sont trop inégales », a regretté le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, dont c’était la dernière conférence de presse.

La croissance projetée cette année est de 8,5 % en Chine et de 6,9 % aux États-Unis, deux pays qui ont déjà retrouvé leur niveau prépandémique, mais de seulement 2,6 % au Japon ou de 3,3 % en Allemagne. La projection pour la France est de 5,8 %, supérieure à celle du gouvernement.  

« L’OCDE continuera à plaider haut et fort en faveur d’une approche multilatérale pour mettre fin à la pandémie dans le monde entier », a ajouté le Mexicain, qui occupait ce poste depuis 15 ans.

Sous sa mandature, l’organisation internationale, longtemps cantonnée à la production de rapports, a gagné en influence, devenant une instance multilatérale de négociations, notamment dans le domaine de la fiscalité.  

Après la levée du secret bancaire, elle s’est attaquée à un autre chantier titanesque : la mise en place d’un impôt minimal mondial sur leurs bénéfices des multinationales, afin de lutter contre l’optimisation fiscale qui prive les États de ressources fiscales cruciales.  

M. Gurria s’est dit confiant dans le fait que les négociations, qui impliquent plus d’une centaine de pays, aboutissent d’ici le G20 d’octobre. Son successeur, l’australo-belge Mathias Cormann prendra ses fonctions mardi.  

Autre risque majeur identifié par l’OCDE : la nervosité des marchés financiers, prompts à s’alarmer des poussées inflationnistes observées ici et là, - mais qui, selon l’organisation internationale, sont un phénomène temporaire lié au rattrapage économique.  

« Nous pensons que l’inflation devrait refluer en 2022 et que les goulets d’étranglement » responsables de pénuries « devraient être résorbés d’ici la fin de l’année », a assuré Laurence Boone.  

Elle a reconnu craindre la « volatilité des marchés financiers, qui auraient des conséquences pour les économies développées, mais aussi émergentes, en entraînant des fuites de capitaux ».