La Banque du Canada conseille la prudence aux futurs détenteurs de prêts hypothécaires

Les ménages canadiens devraient réfléchir avant de contracter un gros prêt hypothécaire et de s’endetter davantage, estime le gouverneur de la Banque du Canada. Ne vous attendez pas à ce que les taux d’intérêt restent aussi bas indéfiniment, a prévenu jeudi Tiff Macklem.

« Il est important de comprendre que la hausse récente et rapide du prix des maisons n’est pas normale », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a multiplié les mises en garde aux emprunteurs.

La Banque du Canada a publié jeudi sa Revue du système financier, qui présente les vulnérabilités de l’économie canadienne. Maintenant que la crise sanitaire se résorbe, la hausse de l’endettement des ménages revient au premier plan des préoccupations de la banque centrale.

Le gouverneur a expliqué que l’endettement hypothécaire et la hausse du prix des maisons préoccupent la banque centrale depuis longtemps, mais que le problème s’est encore intensifié durant la pandémie.

Même si les Canadiens ont épargné davantage, « l’augmentation de la dette hypothécaire a plus que contrebalancé la baisse des dettes de consommation », constate la banque centrale.

Tiff MacKlem estime qu’il est normal que les Canadiens confinés aient senti le besoin de vivre dans des maisons plus spacieuses, mais il s’inquiète du nombre croissant de ménages qui ont des prêts hypothécaires trop lourds pour leurs revenus.

En plus, ajoute-t-il, sur certains marchés, « il est possible que les gens se précipitent pour acheter, en partie parce qu’ils s’attendent à ce que les prix continuent d’augmenter ».

Attention à l’endettement des ménages

À ceux-là, Tiff Macklem conseille la prudence. « Il n’est pas raisonnable de compter sur une hausse continue des prix des logements pour accroître son avoir propre foncier et s’en servir pour refinancer de futurs prêts hypothécaires. Les taux d’intérêt sont anormalement bas », martèle-t-il, et ils vont augmenter.

Pourquoi ne pas les augmenter tout de suite, pour prévenir le pire ? Le gouverneur a répété que l’endettement des ménages n’était pas la seule préoccupation de la banque centrale, qui surveille l’économie canadienne dans son ensemble. « Il y a d’autres problèmes, dont le fait qu’il y a eu des pertes d’emplois pendant la pandémie et qu’il existe encore des capacités excédentaires dans l’économie. »

Des taux d’intérêt très bas sont encore nécessaires pour remettre l’économie sur la voie de la croissance, mais la Banque du Canada n’hésitera pas à les augmenter en temps opportun, a assuré le gouverneur.

D’autres outils que les taux d’intérêt peuvent être utilisés pour calmer le marché, au besoin, a précisé Tiff Macklem, qui a donné l’exemple du resserrement des règles d’emprunt pour les acheteurs de maison qui vient d’être annoncé par le gouvernement fédéral et le Bureau du surintendant des institutions financières.

La menace d’inflation

Le gouverneur de la banque centrale ne s’est pas ému de l’évolution récente de l’inflation, qui vient de dépasser le niveau supérieur de sa fourchette cible de 1 % à 3 %.

Nous disons depuis un certain temps que le taux d’inflation pourrait augmenter.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Il a répété qu’il s’agit d’un impact transitoire, parce que le taux d’inflation était très bas, et même légèrement négatif, l’année dernière. Si l’inflation devient une menace, « nous allons prendre ça très au sérieux », assure le gouverneur.

La banque n’hésitera pas à augmenter les taux d’intérêt pour la combattre. « Les Canadiens doivent être sûrs que nous allons le faire », a dit Tiff Macklem, en rappelant que la Banque du Canada avait bien réussi à contrôler l’inflation depuis 30 ans.

Dans sa Revue du système financier, la banque centrale explique qu’elle surveille d’autres vulnérabilités de l’économie canadienne. Parmi ces autres préoccupations figure l’impact des changements climatiques sur les investisseurs et les institutions financières. Les risques de cyberattaques, comme celle que vient de subir l’exploitant de l’oléoduc Colonial aux États-Unis, font aussi l’objet d’une attention particulière de la Banque du Canada.