La cadence effrénée des ventes de logements au Canada a commencé à ralentir en avril, le nombre de transactions ayant diminué de 12,5 % par rapport au record historique de mars, a indiqué lundi l’Association canadienne de l’immeuble (ACI).

Le nombre de propriétés vendues au pays s’est chiffré à 60 967 le mois dernier, contre 69 702 en mars, a précisé l’association.

Les ventes ont diminué d’un mois à l’autre dans près de 85 % de tous les marchés locaux, notamment dans la quasi-totalité de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, a précisé l’association.

Cependant, elle a indiqué que les ventes d’avril représentaient malgré tout un record pour ce mois et une hausse de 256 % par rapport à avril 2020, alors que les ventes s’étaient effondrées en raison de la pandémie.

« La comparaison d’une année à l’autre est une comparaison avec les pires statistiques jamais publiées en avril 2020, tandis que la comparaison d’un mois à l’autre est une comparaison avec les meilleures statistiques jamais publiées en mars 2021 », a souligné l’économiste principal de l’ACI, Shaun Cathcart.

« Il serait juste de dire que les statistiques pour avril se situent quelque part entre ces extrêmes, ce qui est une bonne chose », a-t-il estimé.

« Bien que nous ayons encore du chemin à parcourir, les mesures de l’équilibre du marché ont finalement pris un tournant et la croissance des prix a décéléré. »

Les offres restent nombreuses

Meray Mansour, une agente immobilière de Toronto, a indiqué que le marché était resté très actif en avril, mais moins qu’il ne l’avait été les mois précédents.

Dans les quartiers torontois de Leslieville, High Park, Beaches et Junction, où elle exerce la plupart de ses activités, Mme Mansour a observé que les maisons changeaient toujours de mains rapidement et suscitaient beaucoup de concurrence.

« Il y a encore plusieurs offres », a-t-elle assuré. « Avant (les vendeurs) obtenaient peut-être environ 30 offres. Maintenant, ils en reçoivent environ six, alors c’est toujours fou. »

Le nombre de maisons nouvellement inscrites à la vente a diminué de 5,4 % en avril par rapport à mars, passant de 85 779 à 81 124.

Le prix moyen réel des propriétés vendues était un peu en deçà de 696 000 $ en avril, ce qui représentait une hausse de 41,9 % par rapport au même mois l’an dernier, alors qu’il était de 490 082 $.

En excluant le Grand Vancouver et le Grand Toronto, le prix moyen d’avril recule de plus de 144 000 $, a indiqué l’ACI.

Le prix moyen s’élevait à 1090 992 $ dans la région de Toronto et à 1211 223 $ dans celle de Vancouver.

Les zones suburbaines et rurales, qui se sont révélées populaires depuis la montée du télétravail et l’intérêt pour de plus grands espaces, sont également restées actives.

Mme Mansour, par exemple, a remarqué un vif intérêt pour Innisfil, une région bien au nord de Toronto.

Même si l’intérêt et les ventes dans de nombreux marchés demeurent élevés, l’économiste principal de la Banque de Montréal, Robert Kavcic, a détecté des signes de « fatigue des acheteurs ».

Les préapprobations d’hypothèques se trouvent à des taux historiquement bas, l’« attitude plus dynamique » de la Banque du Canada au sujet de ses taux d’intérêt et les confinements prolongés en Ontario ont ralenti l’élan du marché, a-t-il expliqué dans une note aux investisseurs.

« Il pourrait enfin y avoir un peu de lumière au bout du tunnel pandémique, même si les cas (COVID-19) étaient encore élevés en avril », a-t-il affirmé.

Mais cela ne veut pas dire que la grande ville a perdu son attrait et que le marché n’atteindra pas les sommets vertigineux qu’il côtoyait au début de l’année.

Lorsque les confinements seront levés et que les immigrants seront autorisés à venir s’installer au Canada au même rythme qu’avant la pandémie, Mme Mansour s’attend à ce que le marché de Toronto reparte à la hausse.

« Je pense que ça va devenir fou, surtout à Toronto, parce que les gens vont retourner au travail ou à l’école », a-t-elle affirmé. « Ils vont revenir. »