(Washington) L’économie américaine a commencé à se redresser, mais un resserrement trop hâtif des conditions monétaires pourrait mettre en péril cette reprise : la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait marteler ce message mercredi, à l’issue de sa réunion de politique monétaire, se gardant d’agir.

Les responsables de la Réserve fédérale ont repris mercredi à 9 h leur réunion entamée la veille, a indiqué une porte-parole de la Fed. Ils devraient conserver une politique attentiste, maintenant leur soutien tant que l’économie américaine n’est pas complètement remise de la crise.

Confiance des consommateurs, ventes immobilières, activité manufacturière, consommation… Les indicateurs témoignant de ce redressement se succèdent en effet.  

Mais le président de la Fed, Jerome Powell, n’a de cesse de rappeler qu’il faudra attendre que l’économie ait retrouvé son rythme de croisière, pour que la politique monétaire, accommodante aujourd’hui, soit resserrée, afin de ne pas peser sur la reprise de l’emploi notamment.

La Réserve fédérale veut atteindre un plein emploi durable et inclusif, et voir l’inflation dépasser pendant un temps la cible de 2 % par an, puis se stabiliser autour de cet objectif.

« La Fed devrait rester résolument patiente », estime Krishna Guha, économiste pour Evercore, dans une note.

Il s’attend à ce que le comité monétaire (FOMC) « juge qu’il est encore trop tôt pour penser à penser (sic) à réduire (son soutien à l’économie), sans aucun signal, même progressif », sur les intentions. Selon lui, la Fed devrait rester sur cette ligne au moins jusqu’en juin, « et nous n’attendons aucun signal clair avant le mois d’août ».

Rien avant 2022

L’économie américaine est désormais sur la rampe de la reprise, grâce au rythme des vaccinations et au soutien apporté aux ménages et entreprises par le gouvernement fédéral.

Le communiqué de presse qui sera publié mercredi « reconnaîtra les progrès de l’économie depuis la dernière réunion de la Fed : l’emploi, les ventes au détail et le marché du logement se sont améliorés », prévoit Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton, dans une note.

Mais elle pense que Jerome Powell, qui tiendra mercredi à 14 h 30 une conférence de presse, « se concentrera sur la distance qui nous sépare encore d’un rétablissement complet ».

Alors que près d’un million d’emplois ont été créés en mars, « il faudrait plus d’un an » à ce rythme « pour récupérer ce qui a été perdu à cause de la crise et ramener l’économie dans sa tendance » prépandémie, note l’économiste.

Les taux d’intérêt devraient donc rester dans la fourchette de 0 à 0,25 % au moins jusqu’en 2022. Les achats d’actifs devraient être ralentis avant, mais pas dans un futur proche.

« Regard dans le miroir »

« Les responsables de la Fed ont appris que plus ils laissent l’expansion durer, meilleurs sont les résultats pour les travailleurs les plus marginalisés », affirme Mme Swonk.

La Fed a « regardé dans le miroir et s’est rendu compte de (ses) erreurs passées ; les hausses de taux préventives laissaient un froid résiduel dans l’économie. L’inflation qu’ils anticipaient ne s’est jamais produite », observe-t-elle.

Les craintes d’une trop forte inflation ont agité les marchés en début d’année, mais semblent désormais se dissiper, avec un large consensus sur le caractère temporaire de cette hausse des prix.

La réunion de la Fed se tient à la veille de la publication d’indicateurs économiques importants.

Jeudi en effet, sera annoncée la croissance du PIB des États-Unis pour le premier trimestre 2021. Les analystes prévoient une expansion de 6,5 % en rythme annualisé. Au quatrième trimestre 2020, le Produit intérieur brut avait augmenté de 4 %. Mais sur l’ensemble de l’année, le PIB avait reculé de 3,5 %, la contraction la plus forte depuis 1946.

Et vendredi, c’est l’inflation PCE, mesure utilisée par la Fed, du mois de mars, qui est attendue.  

La réunion ne donnera pas lieu à de nouvelles prévisions économiques. Celles-ci sont attendues lors de la prochaine tenue du Comité monétaire les 15 et 16 juin.