(Washington) Le patron de JPMorgan Chase Jamie Dimon s’attend à ce que l’économie américaine soit « florissante » dans les deux prochaines années, aidée par les soutiens financiers publics et la sortie progressive de la pandémie de COVID-19.

« L’économie américaine devrait être florissante jusqu’en 2023 », écrit Jamie Dimon dans une lettre annuelle aux actionnaires rendue publique mercredi, citant les dépenses massives de relance de l’administration américaine, la loi sur les infrastructures et « l’euphorie autour de la fin de la pandémie ».

« J’ai l’espoir qu’une discipline extraordinaire sera appliquée sur les dépenses » de relance ainsi que sur le plan sur les infrastructures actuellement en discussion, explique-t-il dans sa lettre.

« Employées avec sagesse, elles créeront davantage d’opportunités pour chacun », poursuit-il.

M. Dimon évoque la possibilité d’une économie « Goldilocks » ou de « boucles blondes », qui se caractérise par une activité ni en sous-régime et ni en surchauffe.  

Il prévoit « une croissance rapide et soutenue, une inflation qui monte doucement (mais pas trop), et des taux d’intérêt en hausse (mais pas trop) ».

Le président américain Joe Biden a dévoilé un projet de 2000 milliards de dollars sur huit ans dans les infrastructures, en luttant contre le changement climatique tout en créant des « millions d’emplois », quelques jours après le déblocage d’un plan de soutien de l’économie de 1900 milliards de dollars.

Sur les infrastructures le plan « permettrait de créer de nombreux emplois avec des salaires compétitifs et dynamiser l’innovation » affirme-t-il, estimant que « presque tout le monde s’accorde sur le fait que nous n’avons pas investi suffisamment dans nos infrastructures ».

Mais le banquier ne commente pas explicitement la proposition de l’administration démocrate d’augmenter les impôts des sociétés pour financer ces dépenses. Il souligne seulement qu’il existe « de nombreuses façons efficaces » de payer pour ces infrastructures y compris des « partenariats public-privé ».

M. Dimon a toutefois souligné deux risques qui pourraient faire dérailler le scénario optimiste : l’apparition de variants virulents du coronavirus résistant aux vaccins ou une poussée plus durable de l’inflation qui obligerait la Fed à augmenter ses taux d’intérêt.

Dans sa lettre, le dirigeant appelle par ailleurs à une hausse du salaire minimum au niveau fédéral, et à « autoriser chaque État […] à réaliser des ajustements supplémentaires ».

Il pointe du doigt les inégalités économiques qui se sont creusées. « Le populisme n’est pas une politique et nous ne pouvons pas le laisser motiver une nouvelle série de mauvaise planification et de mauvais leadership qui ne feraient qu’aggraver la situation du pays »,  écrit le dirigeant de JP Morgan dans une référence tacite à la gestion de l’administration Trump.

« La ligne de faille de toute cette discorde est un rêve américain effiloché, l’énorme richesse de notre pays revenant à un très petit nombre. En d’autres termes, la ligne de fracture est l’inégalité », ajoute-t-il.