(Québec) La crise sanitaire plonge le Québec dans le rouge. Dans son plan budgétaire 2021-2022, le ministre des Finances, Eric Girard, prévoit que le déficit atteindra cette année 12,3 milliards. Le budget des dépenses, dont le service de la dette, augmente de 5,9 %. Voici six clés pour comprendre le troisième budget du gouvernement Legault.

Santé : 2,9 milliards contre la pandémie

Dépenses par mission : 51,2 milliards

La crise sanitaire mobilise une part importante des dépenses en santé. Pour l’exercice budgétaire 2021-2022, Québec y consacre plus de 2,9 milliards, dont 2,3 milliards pour « vaincre » la pandémie, 316,5 millions pour améliorer les services aux aînés et 264,2 millions pour rehausser les soins de santé. D’ici 2025-2026, le ministre des Finances Eric Girard prévoit que les investissements pour « renforcer le système de santé » atteindront 15,2 milliards.

Québec investit également cette année 316,5 millions (2 milliards d’ici cinq ans) dans les soins à domicile et pour assurer la continuité des services offerts dans les résidences pour personnes âgées. Dans son budget, le ministre des Finances rappelle que les Québécois âgés de 65 ans et plus représenteront 25 % de la population en 2030. Le vieillissement de la population fera de ce fait croître les besoins (et les dépenses) en santé.

Les dépenses du portefeuille de la Santé et des Services sociaux augmentent de 5,8 % cette année et représentent 43 % des dépenses totales de portefeuille de l’État, « excluant les mesures de soutien et de relance COVID-19 ».

Éducation : 521 millions pour la réussite scolaire

Dépenses par mission : 28,2 milliards

Le gouvernement Legault investit près de 1,5 milliard sur six ans pour soutenir la réussite scolaire, la diplomation, l’insertion professionnelle des jeunes et pour promouvoir la pratique du sport et du loisir. Pour l’exercice 2021-2022, ces investissements représentent 521 millions. Dans son plan budgétaire, le gouvernement se donne pour objectif d’accroître le taux de diplomation au secondaire à 84,5 % d’ici 2022-2023. En 2019-2020, ce taux était de 81,9 %.

Alors que les écoles ont été touchées de plein fouet par la pandémie de COVID-19, Québec prévoit des investissements de 110 millions cette année pour combler les retards scolaires grâce à des programmes de tutorat et d’aide aux devoirs, entre autres. Le ministre des Finances prévoit également des investissements de 93 millions d’ici 2025-2026 pour ouvrir 150 classes spécialisées additionnelles dans les écoles.

Enseignement supérieur

Québec investit 369 millions sur six ans pour augmenter le taux de diplomation aux études supérieures. Le gouvernement accorde aussi une aide ponctuelle de 154,6 millions cette année pour offrir un montant forfaitaire de 100 $ par session aux étudiants qui étaient inscrits à temps plein à l’automne 2020 et à l’hiver 2021 dans un cégep ou une université. Québec élimine aussi pour un an – du 1er avril 2021 au 31 mars 2022 – les intérêts sur les prêts étudiants.

Les dépenses du portefeuille de l’Éducation augmentent de 4,6 % cette année et représentent 15 % des dépenses totales de portefeuille de l’État. Les dépenses du portefeuille de l’Enseignement supérieur augmentent de 8,2 % cette année et représentent 8 % des dépenses totales de portefeuille de l’État.

Économie : 1,5 milliard pour la transition

Dépenses par mission : 17,9 milliards

Le plan budgétaire du ministre Eric Girard prévoit 4 milliards de dépenses d’ici 2025-2026 pour accélérer la croissance et « la transition vers la nouvelle économie ». Pour l’exercice 2021-2022, cela représente 1,5 milliard en investissements. Là-dessus, 683 millions sont destinés à soutenir la productivité et à stimuler l’investissement des entreprises. Québec dépensera pour ce faire cette année 595 millions pour brancher les Québécois à l’internet haute vitesse, une promesse phare du premier ministre François Legault.

Québec inscrit également dans son budget « une réduction de 4 % à 3,2 % du taux d’imposition sur le revenu pour l’ensemble des PME admissibles à la déduction pour petite entreprise », établissant ce taux à celui en vigueur en Ontario. Le ministre des Finances prévoit que 70 000 PME toucheront à cette baisse du fardeau fiscal.

En matière de développement durable, le gouvernement prévoit 136,5 millions sur cinq ans, ce qui représente 58,1 millions en 2021-2022, pour améliorer la gestion de l’eau, créer des mesures de relance économique « durable » et favoriser l’utilisation « responsable des ressources naturelles ». Le budget réitère l’engagement du gouvernement pour son Plan pour une économie verte 2030, assorti d’une enveloppe de 6,7 milliards sur cinq ans.

Soutien : victimes, logements et garderies

Dépenses par mission : 11,6 milliards

Le plan budgétaire prévoit des investissements d’un peu moins de 1 milliard dans des mesures pour « soutenir les Québécois ». De cette somme, 329 millions sont dépensés en 2021-2022, dont 118 millions pour « protéger les victimes et améliorer le système judiciaire ». Québec prévoit aussi cette année 150,9 millions pour développer des logements abordables (408,2 millions sur six ans) et 16,3 millions pour « stimuler la création de nouvelles places de garde en milieu familial » (97,4 millions d’ici 2025-2026).

En matière de condition féminine, le plan budgétaire 2021-2022 prévoit prolonger d’un an les actions prises par la Stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer les violences sexuelles et par la Stratégie gouvernementale pour l’égalité entre les femmes et les hommes, qui arrivent à échéance en mars 2021. Pour ce faire, une dépense de 9,7 millions est prévue cette année. Le gouvernement rappelle aussi qu’il a dévoilé en décembre dernier un « Plan d’action spécifique pour prévenir les situations de violence conjugale à haut risque de dangerosité », accompagné d’une enveloppe de 180 millions sur cinq ans.

Justice : exploitation des mineurs

Dépenses par mission : 12 milliards

Le plan budgétaire d’Eric Girard prévoit 396 millions sur six ans, dont 118 millions pour 2021-2022, afin de financer « des initiatives visant à protéger les victimes et à améliorer le système judiciaire ».

Dans la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs, Québec entend dépenser 150 millions sur cinq ans pour mettre en œuvre les 58 recommandations du rapport de la commission transpartisane qui a étudié la question et a déposé son rapport en décembre dernier.

Québec investit également 82,7 millions sur six ans, dont 28,3 millions en 2021-2022, pour améliorer l’efficacité dans les palais de justice. Pour y arriver, le gouvernement entend permettre la visiocomparution les fins de semaine et les jours fériés (7 millions investis cette année) et ajouter des juges suppléants (14,3 millions), entre autres.

Le plan budgétaire prévoit également 25 millions afin d’entreprendre une « réforme du modèle policier », un processus entrepris il y a plusieurs mois par la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault.

Déficit : 12,3 milliards

Après des années de surplus, la COVID-19 plonge le Québec dans les déficits budgétaires. En 2021-2022, le ministre des Finances, Eric Girard, dépose un budget prévoyant un déficit de 12,3 milliards. Ce déficit diminuera à 8,5 milliards l’an prochain, prévoit-on. « La crise actuelle laissera le Québec avec un déficit structurel de l’ordre de 6,5 milliards annuellement », indique le plan budgétaire. Dans tous les cas, insiste Québec, « aucune mesure de résorption du déficit budgétaire ne sera mise en œuvre tant que le Québec n’aura pas retrouvé son niveau d’emploi d’avant [la] pandémie », c’est-à-dire « à compter du deuxième trimestre de 2022 », prévoit-on.

Le ministre des Finances affirme que « la mise en place des mesures exceptionnelles mises en œuvre dans le cadre de la crise sanitaire et de la relance économique n’engage pas le Québec vers une gestion d’austérité pour les années à venir ». Pour retrouver l’équilibre budgétaire, Québec compte en partie sur le gouvernement fédéral, plaidant une fois de plus pour une hausse marquée des transferts d’Ottawa en santé, ce qui est incertain.

Le retour à l’équilibre budgétaire doit se faire dans un horizon de sept ans, annonce le plan budgétaire.