Il ne reste plus que quelques jours aux parties pour s’entendre, alors que la trêve au port de Montréal prendra fin samedi. Des manufacturiers et exportateurs se disent « très nerveux ».

La section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, qui représente les 1125 débardeurs du port de Montréal, et l’Association des employeurs maritimes avaient conclu une trêve d’une durée de sept mois, l’été dernier, après une dizaine de jours de grève. Cette trêve prend fin samedi.

Les deux parties avaient convenu de ne pas s’adresser aux médias durant cette trêve.

Il y a une dizaine de jours, le directeur québécois du SCFP, Marc Ranger, a tout de même indiqué qu’il y avait une médiation « intensive » et que pas moins de trois médiateurs avaient été affectés au dossier.

« Toutes les énergies sont mises à ce qu’on arrive à une entente de principe. On fait confiance au processus. On fait confiance aux gens qui ont été nommés au dossier pour faire cheminer la négociation. Et le syndicat y participe activement », avait-il assuré.

« Très nerveux »

Mais en entrevue lundi, Véronique Proulx, présidente-directrice générale des Manufacturiers et exportateurs du Québec, a rapporté un vent d’inquiétude chez ses membres.

« Les manufacturiers et exportateurs, présentement, sont très nerveux. On n’a pas nécessairement d’indication sur l’avancement des négociations. Et, compte tenu de l’impact que ça a eu l’été dernier sur leurs opérations, les gens sont effectivement très préoccupés », a-t-elle rapporté.

Certaines entreprises ont déjà commencé à rediriger leurs conteneurs vers d’autres ports, particulièrement celui d’Halifax, pour éviter de se retrouver encore une fois avec des conteneurs coincés au port de Montréal, si une grève ou un lock-out venait effectivement à être déclenché.

« Déjà de faire rediriger les conteneurs, ça a un coût significatif. Pour plusieurs entreprises, c’est des millions de dollars par semaine, pour nos grands exportateurs. Ça ajoute un coût qui n’était pas prévu », ajoute Mme Proulx.

Parmi ces grands exportateurs, elle cite les entreprises qui ont à transporter de l’aluminium, des matières premières, des automobiles.

Déjà, lors de la grève d’août dernier, des ministres du Québec et de l’Ontario avaient écrit à la ministre fédérale du Travail pour la convaincre de faire quelque chose. Mais Ottawa aussi est coincé, puisque le tribunal quasi-judiciaire qu’est le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) s’est déjà prononcé sur cette grève.

Avant même que la grève commence, l’Association des employeurs maritimes s’était en effet adressée à ce tribunal pour lui demander de déclarer que la totalité des activités de débardage constituait un service essentiel.

Mais le CCRI avait statué qu’« aucune preuve directe ne permet au Conseil de conclure que ces inconvénients causeraient un risque imminent et grave pour la santé et la sécurité du public » — et c’est là la définition de « services essentiels » au fédéral.

Le CCRI admettait qu’une grève aurait des répercussions économiques, mais il avait rappelé que le droit de grève est protégé par le Code du travail et que la Cour suprême du Canada a statué, en 2015, que ce droit bénéficie d’une protection constitutionnelle.