J’ai toujours aimé comparer les revenus des Québécois à ceux des autres. Ils indiquent, en quelque sorte, la position relative du Québec sur l’échelle de la richesse — ou de la pauvreté — et donnent une idée de notre évolution à ce chapitre.

Statistique Canada a justement publié, le 11 mars, les données sur les salaires et traitements déclarés par les Canadiens sur leur déclaration de revenus en 2019. On y trouve, en plus des salaires, le total des revenus des particuliers, y compris les transferts gouvernementaux, les intérêts et dividendes et les revenus venant des régimes de retraite.

Aspect intéressant, les revenus sont notamment publiés par grandes villes (154 dans les 10 provinces), si bien qu’on peut faire un genre de palmarès canadien des revenus des particuliers, en se basant sur le revenu médian.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Sept-Îles fait partie des villes québécoises avec les plus fortes croissances de revenus médians au Canada en 2019.

Après analyse, je dois vous dire qu’on y trouve de très bonnes nouvelles pour le Québec, mais aussi des nouvelles moins réjouissantes. Voyons voir.

D’abord, les données de Statistique Canada confirment que le Québec a connu, en 2019, une très bonne performance économique, en comparaison des autres provinces. Ainsi, le revenu total médian des particuliers au Québec a progressé de 4,1 % en 2019, au premier rang canadien, et loin devant la moyenne (2,8 %).

Ce revenu total médian, qui sépare en deux la distribution des revenus, a été de 45 080 $ en 2019 au Québec.

Le Québec compte 10 villes pour cette forte croissance parmi les 25 premières au Canada, alors que l’Ontario et l’Alberta n’en comptent chacun qu’une seule, ce qui est un bon reflet du contexte économique difficile qu’on y trouve. La Colombie-Britannique est aussi bien classée, avec 5.

La croissance des revenus s’est fait sentir à peu près partout au Québec. Parmi les 15 villes du Québec, on trouve Sept-Îles (+ 10,1 %), Matane (+ 5 %), Val-d’Or (+ 5 %), Saguenay (+ 4,7 %) et Trois-Rivières (+ 4,4 %). Dans le reste du Canada, deux villes de Colombie-Britannique figurent dans les cinq premières au Canada pour la hausse, dont Prince Rupert (+ 7 %).

Maintenant, c’est bien beau, la hausse, me direz-vous, mais qu’en est-il des revenus à proprement parler ? C’est là que ça se gâte nettement pour le Québec.

Ainsi, le Québec compte seulement 2 des 25 premières villes canadiennes pour le revenu total médian, et encore, l’une des deux est ce que Statistique Canada appelle la partie Québec d’Ottawa-Gatineau, au 14rang (52 908 $), et l’autre est au 20e rang, soit Sept-Îles (52 550 $). Pas fort.

En comparaison, l’Alberta compte 10 des 25 premières villes et l’Ontario, 7.

La ville canadienne au sommet ? Wood Buffalo, à 86 370 $, une municipalité de l’Alberta située à une cinquantaine de kilomètres de Fort McMurray, où se trouve la plus grande réserve de sables bitumineux au monde.

Visiblement, le pétrole va mal, ce que reflète la faible croissance de revenus des particuliers albertains, mais les salaires sont encore fort intéressants, bien davantage qu’au Québec. Un petit impôt et une petite taxe de vente régleraient les problèmes du premier ministre Jason Kenney, mais c’est connu, les taxes sont considérées comme aussi dangereuses que la COVID-19 en Alberta.

Pour voir davantage de villes du Québec, malheureusement, il faut faire le classement inverse et dresser la liste de celles qui figurent parmi les 25 dernières de 154 villes pour le revenu. Et alors, on constate que 10 des 25 pires sont au Québec, contre 11 pour les provinces atlantiques, 2 pour l’Ontario et aucune pour l’Alberta.

Parmi les villes du Québec figurent Lachute, au 2e rang canadien des plus petits revenus médians (37 360 $), Cowansville (9e, à 38 810 $), Thetford Mines (14e à 39 670 $), Shawinigan (16e, à 39 550 $) et, étonnamment, la dynamique Drummondville (23e, 40 610 $).

Tout de même, permettez-moi de terminer sur une note moins sombre. Avec la croissance de ses revenus en 2019, le Québec est maintenant au 5e rang canadien des revenus médians parmi les 10 provinces.

L’écart des revenus médians des particuliers du Québec (45 080 $) est de 4 % avec la Colombie-Britannique et de 6 % avec l’Ontario, les deux provinces qui nous ressemblent le plus par la structure industrielle.

Ce portrait nous donne une idée du travail à faire au Québec. Certaines régions sont, de toute évidence, plus pauvres et il faut trouver des façons d’améliorer cette situation.

Au moins, le Québec progresse dans le bon sens, sachant que nous avons connu en 2020, pour la troisième année de suite, une meilleure performance économique que la moyenne canadienne, ce qui défie toutes les prévisions.

Go, go, go, on lâche pas, gang !