(Paris) L’OCDE a fortement revu à la hausse, à 5,6 %, sa prévision de croissance mondiale en 2021, tablant sur les effets conjugués du mégaplan de relance américain et de la vaccination, dans ses perspectives intermédiaires publiées mardi.

Sa cheffe économiste, Laurence Boone, a toutefois mis en garde lors d’une conférence de presse contre le risque d’une augmentation des taux d’intérêt si la vaccination ne monte pas davantage en puissance.

Un scénario redouté : une montée des taux d’intérêt renchérit le coût de la dette publique, compromettant la capacité des États à soutenir l’économie, et peut faire dérailler des marchés financiers biberonnés à l’argent facile depuis des années.

« Les perspectives économiques mondiales se sont nettement améliorées ces derniers mois en raison du déploiement progressif de vaccins efficaces, de l’annonce de nouvelles mesures de soutien dans certains pays et de signes montrant que les économies s’accommodent mieux que prévu des mesures de restriction », a affirmé l’Organisation de coopération et de développement économiques dans un communiqué.  

Au point que « le PIB mondial devrait être supérieur au niveau d’avant la pandémie d’ici le milieu de 2021 », malgré de fortes divergences entre pays.  

À lui seul, le plan de 1900 milliards de dollars voulu par le président américain Joe Biden contribue à hauteur de un point de pourcentage à cette révision de 1,4 point de la croissance mondiale par rapport à décembre, a expliqué à l’AFP Laurence Boone.  

Grâce à cette injection massive, les États-Unis devraient voir le rythme de croissance du PIB doubler par rapport à ce qui était attendu en décembre, à 6,5 %.  

Sans risque inflationniste majeur, selon l’économiste en chef de cette organisation qui réunit 37 pays développés. « Si on regarde l’état du marché du travail et les capacités qui ne sont pas utilisées, il y a beaucoup de marge […] avant que la demande reprenne fortement ».  

Accélérer la vaccination

En revanche, des retards dans la vaccination pourraient hypothéquer la reprise, en particulier en Europe.  

« Nous ne disons pas que l’Europe n’en fait pas assez sur le plan budgétaire, nous disons qu’elle devrait accélérer sur le plan de la vaccination », a souligné l’ancienne conseillère économique de François Hollande.  

« Notre principal message est d’accélérer le rythme de la vaccination pour rouvrir l’économie et permettre aux gens de reprendre leur activité normale, c’est-à-dire de travailler, de consommer, de dépenser », a-t-elle martelé.

« Si vous ne vaccinez pas assez vite, alors le secteur financier va […] faire monter les taux d’intérêt. On risque d’avoir une crise financière », a mis en garde Laurence Boone, invitant les banques centrales à maintenir leur politique accommodante. Sur le qui-vive face à la remontée des taux obligatoires, la Banque centrale européenne tient sa réunion mensuelle jeudi.  

Sans surprise, la croissance projetée est plus modeste pour la zone euro. Malgré l’ampleur « inédite » des plans de relance, son PIB devrait croître de 3,9 % cette année, quand le Royaume-Uni, où 22 millions de personnes ont reçu une première dose, devrait afficher une croissance plus robuste de 5,1 %.

Plus de 304,8 millions de doses de vaccins anti-COVID-19 ont été administrées dans le monde, selon l’AFP, un chiffre qui cache de profondes disparités : Israël a vacciné près de 60 % de sa population, les États-Unis près de 20 %, mais le Brésil, où l’OCDE attend une croissance de 3,7 %, moins de 5 %.  

Pour la France, l’OCDE table sur un rebond de 5,9 % en 2021, quasiment inchangé par rapport à ses dernières prévisions, de 5,7 % pour l’Espagne, de 4,1 % pour l’Italie et de 3 % pour l’Allemagne.  

Moteur de la croissance mondiale, la Chine, où les exportations ont bondi de 60 % sur un an en janvier-février, devrait afficher une croissance de 7,8 %.  

Mais c’est en Inde que le rebond attendu est le plus spectaculaire : après avoir plongé de 7,4 % en 2020, le PIB devrait progresser de 12,6 % cette année.