(Washington) Ménages, collectivités, entreprises, l’administration Biden va inonder l’économie américaine de liquidités dans les jours qui suivront le vote, mardi, d’un plan d’aide de 1900 milliards de dollars, avec un effet massif attendu sur la croissance.

L’ensemble des mesures devraient doper la croissance des États-Unis de trois points de pourcentage cette année, pour la hisser à 7 %, estime ainsi lundi Gregory Daco, chef économiste chez Oxford economics.  

« Les ménages américains seront les moteurs de la reprise », dit-il, notant que les familles à faible revenu bénéficieront de « généreux transferts budgétaires totalisant environ 900 milliards de dollars », incluant chèques directs, allocations de chômage supplémentaires ainsi que crédits et allègements d’impôts.  

Les familles à revenu élevé devraient, elles, dépenser une partie de l’épargne excédentaire accumulée depuis 11 mois.

« C’est le paquet d’aides dont nous avons besoin pour relancer notre économie et la remettre au niveau d’avant la pandémie », a estimé lundi la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, sur la chaîne MSNBC, à la veille de l’examen final du projet de loi à la Chambre des représentants.  

La première économie du monde s’était contractée de 3,5 % l’an passé, sa pire année depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le Sénat américain a finalement approuvé samedi le plan de sauvetage, mais sans aucune voix républicaine, à l’issue d’un vote marathon sur de nombreux amendements.

Majoritaires à la chambre basse, les démocrates devraient approuver rapidement le projet amendé pour que Joe Biden puisse le promulguer d’ici le 14 mars et éviter la suspension du versement d’allocations chômage exceptionnelles.

Chèques de 1400 dollars

Les chèques de 1400 dollars par adulte et par enfant devraient alors être envoyés dans la foulée à des millions d’Américains sous conditions de revenus.  

« C’est un ensemble de mesures extrêmement important qui apportera à des millions, des centaines de millions d’Américains, l’aide dont ils ont besoin », a déclaré Janet Yellen.

Avec des financements en faveur des écoles combinés à la perspective de crédits d’impôt pour la garde d’enfants, de nombreuses personnes vont pouvoir se remettre au travail.

Selon la Maison-Blanche, cette législation « historique » créera plus de 7 millions de nouveaux emplois cette année, rendra les soins de santé plus abordables tout en sauvant des vies grâce aux aides pour la vaccination généralisée.

Elle réduira aussi de moitié la pauvreté des enfants.

« C’est un changement radical de politique sociale américaine », note Samuel Hammond, directeur du centre de réflexion Niskanen Center.

Le plein emploi en 2022 ?

Les États et collectivités locales ont dû supprimer 1,4 million d’emplois en raison de la baisse de leurs revenus et de l’augmentation de leurs dépenses, a indiqué Janet Yellen.  Le plan doit permettre que « policiers et pompiers conservent leur travail ».

« Si tout va bien, notre économie retrouvera l’année prochaine le plein emploi que nous avions avant la pandémie », a-t-elle estimé.

« Une partie des aides, versée immédiatement, devrait avoir un impact dans les données économiques probablement à partir d’avril », a déclaré à l’AFP Michael Pugliese, économiste chez Wells Fargo.

Selon lui, cela pourrait se traduire par un bond de la consommation notamment dans les commerces au détail en avril et en mai.  

D’autres aides, tels les crédits d’impôts pour la garde d’enfants, seront versées probablement en fin d’année ou au début de l’année prochaine.

« Le plan est vraiment très, très massif », a réagi l’économiste Joel Naroff, selon qui l’objectif du gouvernement est clair : faire passer en quelques mois la croissance d’un rythme modéré à un rythme rapide.

En janvier, le Fonds monétaire international tablait déjà sur une croissance américaine de 5,1 %, sans prendre en compte le plan de sauvetage.

Et, avec la création de 7 millions d’emplois, le taux de chômage devrait tomber sous la barre des 5 % fin décembre, selon les calculs de Gregory Daco.

En février, le marché du travail s’est ressaisi avec trois fois plus de créations d’emplois qu’en janvier (+379 000). Et, le taux de chômage a légèrement reculé à 6,2 %.