(Genève) La Chine, devenue en 2019 le premier déposant de demandes internationales de brevet devant les États-Unis, a creusé l’écart l’an dernier dans un contexte de crise mondiale, selon des statistiques de l’ONU publiées mardi.

Malgré la baisse du PIB mondial, les demandes internationales de brevet déposées par l’intermédiaire de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), une agence de l’ONU basée à Genève, ont continué globalement d’augmenter de 4 % en 2020, pour atteindre 275 900 demandes, le chiffre le plus haut jamais enregistré.

« L’innovation reste solide », a déclaré le directeur général de l’OMPI, Daren Tamg, en conférence de presse.

Il est toutefois encore trop tôt, selon les experts de l’OMPI, pour analyser les conséquences de la pandémie, car le délai entre le dépôt d’un brevet auprès d’un office national et son arrivée devant l’agence est en général de douze mois.

« La plupart des brevets déposés en 2020 dans le cadre du système du PCT (Traité de coopération en matière de brevets, NDLR) concernent des innovations qui ont eu lieu plus tôt, avant le début de la pandémie », a expliqué aux médias l’économiste en chef de l’OMPI, Carsten Fink.

« Néanmoins, le fait qu’il n’y ait pas eu de forte réduction du nombre de brevets internationaux suggère que les entreprises ont continué à investir dans la commercialisation de leurs technologies pendant la pandémie », a-t-il ajouté.

Les deux principaux utilisateurs du système, à savoir la Chine et les États-Unis, ont chacun enregistré une croissance annuelle de leurs dépôts.

Mais si l’écart séparant les deux puissances mondiales était d’environ 1000 demandes internationales de brevet en 2019, il s’élève désormais à environ 10 000.

La Chine, avec 68 720 demandes (+16,1 % de croissance annuelle) est ainsi demeurée la championne, suivie par les États-Unis (59 230 demandes, +3 %), le Japon (50 520 demandes, -4,1 %), la Corée (20 060 demandes, +5,2 %) et l’Allemagne (18 643 demandes, -3,7 %).

Parmi les pays qui ont connu une forte croissance figurent l’Arabie saoudite (956 demandes, +73,2 %), la Malaisie (255 demandes, +26,2 %), le Chili (262 demandes, +17,0 %), Singapour (1278 demandes, +14,9 %) et le Brésil (697 demandes, +8,4 %).

Huawei Technologies en tête

L’utilisation du système international des marques a en revanche légèrement chuté. Cette tendance était, selon l’OMPI, « prévisible puisque les marques correspondent généralement à l’introduction de nouveaux produits et services – deux phénomènes freinés par la pandémie mondiale ».

Les retombées économiques de la crise sanitaire ont aussi pesé sur la demande de protection des dessins et modèles industriels par l’intermédiaire du système concernant l’enregistrement international des dessins et modèles industriels. La demande a chuté de 15 % en 2020, la première baisse depuis 2006.

Dans ses statistiques, l’OMPI relève par ailleurs que pour la quatrième année consécutive, le géant chinois des télécommunications Huawei Technologies, avec 5464 demandes internationales de brevet, a été le premier déposant en 2020.

Viennent ensuite Samsung Electronics en Corée, Mitsubishi Electric au Japon, LG Electronics en Corée et Qualcomm Inc. aux États-Unis.

Parmi les 10 principaux déposants, LG Electronics a fait état de la croissance la plus rapide (+67,6 %) du nombre de demandes publiées en 2020 et, de ce fait, s’est hissé de la dixième position en 2019 à la quatrième en 2020.

Les technologies informatiques (9,2 % du total) ont représenté la plus grande part des demandes, suivies par les communications numériques (8,3 %), les technologies médicales (6,6 %) et les machines électriques (6,6 %).