(New Delhi) L’économie indienne a connu une croissance de 0,4 % au dernier trimestre 2020 sur un an, mettant fin à sa première récession depuis l’indépendance, selon les données officielles publiées vendredi, l’assouplissement des restrictions pour lutter contre la COVID-19 ayant permis une modeste reprise.

L’économie a repris des forces après un confinement rigoureux de plusieurs mois qui a provoqué l’effondrement du marché du travail et la contraction de l’économie indienne de près d’un quart entre avril et juin.  

Le pays est entré en « récession technique » l’année dernière pour la première fois depuis l’indépendance en 1947, après avoir enregistré deux trimestres successifs de contraction.  

Le gouvernement estime à présent que le PIB annuel devrait chuter de 8 % en 2020-21.  

Les chiffres publiés vendredi, inférieurs aux attentes des économistes interrogés par Bloomberg qui tablaient sur une croissance de 0,5 % pour le dernier trimestre 2020, apporteront néanmoins un peu de réconfort au gouvernement du premier ministre Narendra Modi.

Des secteurs clés tels que la construction et l’industrie manufacturière ont montré une amélioration par rapport au même trimestre de l’année dernière, selon ces données.

Et en janvier, les ventes de véhicules de tourisme ont augmenté de plus de 11 % sur un an, selon les chiffres de l’industrie.

Grâce au recul des contaminations par la COVID-19 en Inde ces dernières semaines, les restrictions ont pu être assouplies.  

Le gouvernement prévoit une croissance économique de 11 % pour l’exercice 2021-22, en ligne avec les prévisions du Fonds monétaire international qui table sur 11,5 %.

New Delhi compte sur sa gigantesque campagne de vaccination, qui a débuté le mois dernier, pour relancer davantage encore ses activités économiques.  

« Pas une grande surprise »

« On ne peut pas dire que nous sommes totalement sortis de l’ornière », relève Ashutosh Datar, un économiste de Bombay interrogé par l’AFP.

« Le vrai test aura lieu lors de la prochaine année fiscale. Le chiffre d’aujourd’hui n’est pas une grande surprise », ajoute-t-il.

Des experts estiment que l’Inde pourrait faire face à une autre vague de contaminations et être frappée par de nouveaux variants de la COVID-19, comme le Brésil, la Grande-Bretagne et l’Afrique du Sud.

Bombay, capitale économique du pays, vit d’ailleurs depuis lundi sous le coup de nouvelles restrictions imposées en raison d’une recrudescence des cas de COVID-19.  

« La vraie question est : si une seconde vague de COVID-19 arrive, quelle sera la réaction ? S’il s’agit d’un confinement national comme celui de mars dernier, alors les effets seront tout aussi néfastes », a déclaré à l’AFP Pronab Sen, ancien statisticien en chef de l’Inde.

L’Inde est le deuxième pays le plus touché au monde en nombre de contaminations après les États-Unis, pour une population de 1,3 milliard d’habitants, soit quatre fois plus nombreuse. Plus de 11 millions de cas et 156 000 décès y ont été enregistrés depuis le début de la pandémie.

Le pays a commencé mi-janvier à vacciner les personnels de santé et souhaite vacciner 300 millions de personnes d’ici juillet, ce qui nécessite 600 millions de doses. Mais au rythme actuel de 12,2 millions de vaccins administrés, cela risque de prendre plusieurs années.