(Washington) Consommation en berne, usines au ralenti : le dernier bilan de santé de l’économie américaine montre que la reprise reste atone, au lendemain du dévoilement par Joe Biden d’un colossal plan de relance destiné à sortir le pays de la double crise sanitaire et économique.

Les cadeaux de Noël et autres achats pour les fêtes de fin d’année n’ont pas suffi à offrir un répit à la première économie du monde. Les ventes au détail ont baissé en décembre, pour le troisième mois d’affilée.

Elles sont toutefois en hausse de 2,9 % par rapport à décembre 2019, mais avec des gagnants et des perdants : les commerçants en ligne ont vu leurs ventes bondir de 19,2 %, tandis que les bars et restaurants ont accusé une chute de 21,2 %.

La casse est limitée sur l’ensemble de l’année, malgré la pandémie, puisque les ventes sont supérieures de 0,6 % à celles de 2019, cependant, il s’agit du « rythme le plus lent depuis la dernière récession en 2009 », relève Yelena Maleyev, économiste pour Grant Thornton.

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Une affiche invitant les candidatures à la porte d’un magasin d’outils à Manchester, au New Hampshire le 10 décembre 2020.

La production industrielle, elle, a enregistré en décembre sa plus forte hausse en cinq mois, selon les données de la Réserve fédérale américaine. Mais ce rebond est en grande partie dû à l’arrivée de l’hiver, qui a fait grimper la demande en chauffage.

Il y a eu « du charbon dans de nombreux bas de Noël », a résumé Yelena Maleyev.

« Mini boom » économique estival

Les cas de COVID-19,  à des niveaux toujours très élevés aux États-Unis, paralysent une grande partie de l’activité économique.

« Les restrictions […] sont beaucoup moins sévères qu’en Europe, mais, associées aux choix individuels de réduire les interactions sociales pour éviter les infections, elles ont suffi à détruire les secteurs de l’hôtellerie et des loisirs », détaillent les analystes de Pantheon Macroeconomics dans une note.

« La baisse des ventes au détail montre de nouveau que les largesses du gouvernement étaient et doivent continuer à être le principal soutien de l’économie », selon l’économiste Joel Naroff.

Les aides du gouvernement fédéral ont tardé à être renouvelées. C’est seulement fin décembre qu’élus démocrates et républicains du Congrès ont réussi à s’entendre sur un plan de 900 milliards de dollars.

Un « acompte », pour Joe Biden, qui doit prendre ses fonctions à la Maison-Blanche le 20 janvier, et a présenté jeudi un nouveau plan d’urgence de 1900 milliards de dollars.

S’il est adopté par le Congrès, les ménages pourront compter sur un nouveau chèque de 1400 dollars par personne, et les chômeurs auront un peu de répit et verront leurs allocations versées tant que ce sera nécessaire. Quant aux écoles, toujours largement fermées, empêchant de nombreuses femmes de travailler, des fonds sont prévus pour assurer leur réouverture.

« L’aide arrive », a assuré vendredi matin la présidente de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse.

Ce plan d’urgence « pourrait accroître les chances de voir un “mini boum” (économique) cet été » anticipe Oren Klachkin.

Made in America

En attendant, 2021 ne commence pas sous les meilleurs auspices, la confiance des consommateurs est même repartie à la baisse en janvier, selon l’estimation préliminaire de l’enquête de l’Université du Michigan.

L’activité manufacturière dans la région de New York a aussi commencé l’année au ralenti, selon l’indicateur mensuel Empire State de la Fed.

Et, alors que plus de 10 millions d’Américains ont déjà été vaccinés contre la COVID-19, il faudra du temps pour que l’économie se redresse.

« Plus de 110 000 restaurants ont définitivement fermé leurs portes depuis le début de la pandémie, selon un représentant du secteur », a encore précisé Yelena Maleyev.

Le plan d’urgence de Joe Biden sera suivi d’un plan de relance, qu’il a dit vouloir présenter dans les semaines à venir, pour créer les « millions » d’emplois manufacturiers « bien payés » promis pendant la campagne.

Pour évoquer cette relance verte, qui doit permettre aux États-Unis d’accélérer la transition énergétique, Joe Biden a adopté la rhétorique du Made in America, chère à Donald Trump.

« Imaginez un futur : “fabriqué en Amérique”, “entièrement fabriqué en Amérique et entièrement par des Américains” », a lancé jeudi soir le président désigné.