(Québec) Les chantiers de construction et le secteur manufacturier sont sur l’écran radar du gouvernement Legault alors que « plusieurs cas de non-respect des consignes ont été rapportés » dans les derniers jours. Québec dit qu’il « n’aura d’autres choix que d’annoncer de nouvelles restrictions » si la situation ne se redresse pas.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Jean Boulet, a servi vendredi un avertissement à l’industrie manufacturière et de la construction : « c’est tolérance zéro pour ceux qui contreviennent aux normes sanitaires en vigueur ».

Ces deux secteurs stratégiques de l’économie québécoise peuvent continuer leurs activités – malgré le confinement – sauf qu’ils doivent s’en tenir à la réalisation des travaux essentiels pour respect de leurs engagements. Ils doivent réduire au maximum leurs activités et limiter le nombre de travailleurs sur les sites.

Or, le ministre Boulet a fait savoir que depuis les derniers jours, « plusieurs cas de non-respect des consignes » sanitaires ont été rapportés. « Je connais l’importance névralgique du secteur manufacturier et de celui de la construction pour l’économie du Québec. Cependant, personne n’est au-dessus des lois et nous avons besoin de la collaboration de tout un chacun », a indiqué le ministre Boulet.

« Ce qu’on sent beaucoup, c’est comme dans le reste de la population, il y a une certaine fatigue des travailleurs, un relâchement dans les pauses, les aires de repas et dans le respect du deux mètres », a énuméré le ministre, en entrevue. « C’est important qu’on intervienne de façon plus rigoureuse […] On n’est plus au stade de faire de la pédagogie et de la sensibilisation, on est au stade d’intervenir. »

Si le problème persiste, « le gouvernement du Québec prendra ses responsabilités et n’hésitera pas à fermer des chantiers ou des entreprises ainsi qu’à remettre des constats d’infraction aux contrevenants », indique-t-on. Est-ce que cela signifie que l’on envisage la fermeture complète des chantiers par exemple ? « On est extrêmement vigilant, on va tenir compte de l’évolution épidémiologique et du comportement des employés, des employeurs, et si ce sont des décisions qui s’imposent, il va falloir le faire », a répondu M. Boulet.

Le ministre explique néanmoins avoir mandaté son « comité tactique » réunissant différents acteurs de l’industrie et experts en santé publique pour évaluer « s’il n’y a pas de mesures additionnelles qui pourraient mettre en application afin de s’assurer qu’il y ait le moins d’éclosion possible », a-t-il indiqué.

Lors de son « blitz » d’inspections, du 19 octobre au 14 janvier, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) a émis un total de 2715 « avis de correction » pour le secteur de la construction uniquement. Quelque 724 chantiers et 16 établissements ont été visés.

Les inspecteurs de la CNESST sont intervenus à 1447 reprises sur les chantiers. Quelque 193 « demandes externes » d’inspection ont été reçues et 263 plaintes.

Depuis le 13 mars 2020, 22 constats d’infractions ont été donnés à des acteurs de l’industrie de la construction. À titre de comparaison, tous secteurs confondus, la CNESST a remis un total de 81 constats d’infractions à travers la province. Vingt-trois chantiers ont aussi été fermés pour le non-respect des consignes sanitaires, et ce, depuis le début de la pandémie.

Dans le secteur de la fabrication, la CNESST a donné 846 « avis de correction » dans 185 établissements, toujours dans son « blitz » d’inspections, du 19 octobre au 14 janvier. Quelque 638 interventions ont été menées par les inspecteurs et 188 plaintes ont été reçues.

« Mon rôle consiste à m’assurer du respect des mesures pour la santé et sécurité des travailleurs, des travailleuses et des employeurs et plus largement de la population en générale. Tout le monde doit fournir sa part d’efforts ; c’est ainsi que nous pourrons vaincre cette pandémie et revenir le plus rapidement possible à une vie normale », a soutenu le ministre Boulet, qui en appelle à la solidarité de l’industrie.

Selon le dernier bilan de l’INSPQ, qui effectue une vigie des éclosions en milieux de travail, l’industrie manufacturière fait partie des grandes divisions économiques le plus touchées par la COVID-19. Pour la semaine du 27 décembre au 2 janvier, 172 milieux liés à l’industrie manufacturière étaient en situation d’éclosion, ce qui totalisait près du quart (24 %) des éclosions en milieux de travail au Québec.

Lors de cette même semaine, l’industrie de la construction était loin derrière avec 33 situations d’éclosion, mais il faut souligner que les chantiers ont suspendu leurs activités pour la période des Fêtes.