(Washington) L’économie américaine a perdu de nombreux emplois en décembre, pour la première fois depuis avril, touchée de plein fouet par les restrictions de voyage ainsi que les fermetures de bars et restaurants liées à la recrudescence du nouveau coronavirus.

Le taux de chômage est, lui, resté à 6,7 %, reflet d’un taux de participation au marché de l’emploi qui se dégrade.  

Au cours du dernier mois de l’année 2020, ce sont 140 000 emplois qui ont été perdus aux États-Unis, a annoncé vendredi le département du Travail, présentant le dernier rapport sur l’emploi de l’ère Trump.

Des emplois ont bien été créés dans les services aux entreprises, le commerce de détail et la construction. Mais pas en nombre suffisant pour compenser ceux qui ont été détruits dans les loisirs et l’hôtellerie ainsi que dans l’enseignement privé.

Depuis mai, le marché du travail s’était pourtant redressé, parvenant à recréer une grosse moitié des 22 millions d’emplois détruits en mars et avril, lors du choc initial de la COVID-19.  

Mais le virus a redoublé de vigueur aux États-Unis depuis la fin de l’automne, contraignant de nombreux responsables locaux partout dans le pays, et y compris parmi les plus réticents, à imposer de nouvelles mesures pour tenter de ralentir la progression de la pandémie.

« Le terrible rapport sur l’emploi de décembre est une preuve supplémentaire de l’incapacité de l’administration Trump à faire face aux crises sanitaires et économiques provoquées par l’accélération de la pandémie de coronavirus », a réagi dans un communiqué la présidente de la majorité démocrate à la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

Rebond prévu en été

Si l’hiver s’annonce encore difficile, les économistes s’attendent à un rebond de l’emploi au printemps et surtout au cours de l’été, à la faveur d’une campagne de vaccination qui permettrait d’immuniser la majorité de la population d’ici là.

Les premiers mois de l’année devraient connaître un « démarrage lent », qui devrait être « suivi d’un mini boom estival », anticipe ainsi Gregory Daco, d’Oxford Economics, qui table sur 6 millions d’emplois recréés au cours de l’année.

Ils comptent aussi sur de nouvelles aides pour soutenir l’économie. Joe Biden, qui prendra ses fonctions à la Maison-Blanche le 20 janvier, a promis un plan de relance massif, assurant que les 900 milliards de dollars débloqués fin 2020 n’étaient qu’un acompte.

Le Sénat ayant désormais autant d’élus démocrates que républicains, c’est la vice-présidente Kamala Harris qui sera chargée de trancher, ce qui laissera les coudées franches à Joe Biden pour appliquer sa politique.  

Signe que les regards sont tournés vers l’avenir, la Bourse de New York a ouvert en hausse vendredi, ignorant les mauvais chiffres de l’emploi de décembre. Avant d’évoluer en ordre dispersé, le Dow Jones lâchant un peu de terrain.  

Chômeurs découragés

Le taux de chômage avait culminé à 14,8 % en avril (révisé en légère hausse). Depuis, il avait reculé chaque mois, mais reste deux fois plus élevé qu’avant l’arrivée de l’épidémie aux États-Unis, quand, en février, il était de 3,5 %, un plus bas en 50 ans.

La stabilité du taux de chômage en décembre, malgré les emplois perdus, s’explique par le fait qu’un nombre croissant de chômeurs a tout simplement abandonné les recherches d’emploi.

Les États-Unis comptent toujours 10,7 millions de chômeurs, selon ces chiffres officiels, dont 4 millions de chômeurs de longue durée (c’est-à-dire depuis plus de 6 mois), sensiblement comme en novembre.

C’est sans compter, toutefois, tous les travailleurs indépendants qui ont vu leurs sources de revenus se tarir.

Mi-décembre, 19 millions de personnes touchaient une allocation chômage, tous programmes confondus, les droits au chômage ayant été prolongés de plusieurs semaines et étendus à des bénéficiaires habituellement exclus, notamment les indépendants.

Ils ont toutefois reçu une bonne nouvelle pendant les fêtes de fin d’année, puisque le Congrès américain a réussi à s’entendre sur un nouveau paquet d’aides économiques, qui a été ratifié par Donald Trump.

Ils sont assurés de pouvoir toucher jusqu’en mars une allocation chômage, dont le montant a été rehaussé de 300 dollars hebdomadaires.

Ces mesures risquent toutefois de faire grimper les inscriptions au chômage en janvier, puisque ceux qui pensaient avoir épuisé leurs droits pourront finalement y prétendre.

Des virements de 600 dollars par personne ont été également été envoyés dès les tout premiers jours de 2021 sur les comptes bancaires de nombreux foyers américains.