(Washington) L’annonce de la reprise des négociations aux États-Unis pour voter un plan de soutien à l’économie a apporté jeudi une lueur d’espoir pour de nombreuses familles affectées par la crise, qui s’apprêtent à passer une fête de Thanksgiving sinistre.

Les équipes des élus démocrates et républicains du Sénat et de la Chambre des représentants se sont réunies jeudi après-midi pour aborder deux sujets, dont celui d’un plan de relance, selon une source démocrate au Congrès.

« Le gouvernement fédéral doit apporter (ce soutien) le plus tôt possible et avec une flexibilité pour répondre aux besoins des États », a réagi le président élu Joe Biden.

Cette aide comprend un soutien aux entreprises, aux écoles, aux familles, aux travailleurs, aux chômeurs, et pour l’éducation des jeunes enfants ou les soins de santé.  

« Tout est nécessaire pendant cette pandémie. Les États et les communautés ne devraient pas avoir à licencier des professeurs, des policiers, des pompiers, à supprimer des services vitaux », a relevé Joe Biden.

Les discussions pour voter un nouveau plan prenant le relais de celui adopté en urgence en mars, de plus de 2200 milliards de dollars, avaient commencé cet été.

Mais les désaccords profonds entre les deux partis ont été exacerbés par une campagne électorale particulièrement clivante.  

Depuis le scrutin du 3 novembre, les tractations étaient au point mort.

Leur reprise était très attendue, tant par les millions de foyers américains confrontés au chômage ou à une perte de revenus, que par les petites entreprises au bord de la faillite.

Cette nouvelle a fait grimper Wall Street à la clôture.

En revanche, certains programmes mis en place au printemps par la Banque centrale, la Fed, avec des fonds du Trésor, pour injecter de l’argent frais dans l’économie, pourraient ne pas être étendus au-delà du 31 décembre.  

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a demandé jeudi que les sommes restantes soient rendues, mais la Fed s’est dite en désaccord avec cette décision.

Écoles fermées

Si les nouvelles sont bonnes sur le front du vaccin, prévu pour les prochains mois, des millions d’Américains sont sur le point de basculer dans l’extrême pauvreté.

Les aides accordées en mars, dans le premier plan de relance, arrivent en effet à expiration, menaçant 12 millions de chômeurs de se retrouver brutalement sans ressources au lendemain de Noël.

Ils viendront s’ajouter à la cohorte de personnes qui n’ont déjà plus droit à aucune aide, a averti The Century Foundation, un groupe de réflexion démocrate.  

Une aide financière aux ménages et entreprises est d’autant plus cruciale que la situation sanitaire se détériore avec une nouvelle vague de contaminations au nouveau coronavirus.

Thanksgiving, l’une des fêtes les plus célébrées aux États-Unis, qui donne habituellement lieu à de grandes réunions familiales, inquiète les autorités sanitaires.

Celles-ci ont déconseillé aux Américains les voyages à l’occasion de cette fête.

Et de nombreux États ou villes ont imposé de nouvelles restrictions, comme l’État de New York, qui a imposé un couvre-feu aux bars et restaurants, et refermé ses écoles.

La troisième ville du pays, Chicago, a appelé ses habitants à ne sortir que pour les déplacements essentiels. Même des maires et gouverneurs jusqu’ici réticents ont fini par prendre des mesures drastiques.

6,4 millions de chômeurs

Ces restrictions ont des conséquences importantes sur l’emploi. Ainsi, entre le 8 et le 14 novembre, 742 000 personnes ont pointé au chômage, soit 30 000 de plus que la semaine précédente, selon les derniers chiffres du département du Travail.

Ceci n’est « pas un accident isolé », mais marque le début d’une nouvelle hausse du chômage « qui persistera jusqu’à ce que la vague de Covid ralentisse », s’inquiète Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Un responsable de la Banque centrale américaine (Fed) a même averti jeudi qu’une nouvelle récession était à craindre au quatrième trimestre.

Le pays comptait près de 6,4 millions de chômeurs début novembre. Un chiffre en baisse, mais si une partie a effectivement retrouvé un emploi, d’autres n’ont simplement plus droit aux allocations chômage, versées pendant six mois maximum aux États-Unis.

En ajoutant les programmes d’aides liés à la pandémie, permettant de prolonger de plusieurs semaines le versement d’allocations ou de les étendre à des travailleurs qui n’y ont habituellement pas droit, comme les indépendants, ce sont 20,3 millions de personnes qui touchaient une aide au cours de la dernière semaine d’octobre.

Des millions d’entre eux pourraient en outre se retrouver à la rue, les expulsions ayant été gelées seulement jusqu’au 31 décembre.

Les États-Unis ont enregistré en moyenne chaque jour plus d’un millier de décès au cours des deux dernières semaines.