(Washington) Le Fonds monétaire international a averti mercredi que les gouvernements européens devaient poursuivre à tout prix leurs plans de soutien à l’économie, soulignant les risques persistants de la pandémie de coronavirus pour la conjoncture.

« Les responsables politiques doivent faire tout ce qui est nécessaire pour contenir la pandémie et ses dégâts économiques. Ils ne doivent pas retirer les plans de soutien prématurément », a déclaré Alfred Kammer, directeur du FMI pour l’Europe, lors d’une conférence de presse sur les perspectives économiques régionales.

« Il ne faut pas répéter les erreurs » commises après la crise financière mondiale de 2009 quand un retour précipité aux politiques d’austérité avait interrompu la reprise et plongé l’Europe dans le marasme économique, a estimé cet expert.

L’institution internationale prévoit une chute du Produit intérieur brut de 7 % en Europe en 2020, avant un rebond de 4,7 % l’an prochain, et avertit que la reprise sera lente : « il faudra attendre 2022 ou 2023 pour atteindre à nouveau le niveau de production de 2019 ».

Les politiques publiques adoptées en Europe, comme les aides financières aux entreprises ou le chômage partiel, « ont contribué à éviter une récession encore plus profonde et des dégâts de long terme pour l’économie européenne », a expliqué M. Kammer.

D’après une estimation du FMI, sans les plans de soutien, l’activité dans l’Union européenne aurait été encore inférieure de 3 à 4 points de PIB. Ces mesures « doivent être maintenues parce que la pandémie s’intensifie et la reprise est encore balbutiante et fragile », a poursuivi l’économiste.

Il a souligné que la réduction des déficits publics n’était pas la priorité à court terme. Selon lui, « les gouvernements ne peuvent pas se permettre de ne pas dépenser ». Même si ces dépenses creusent les déficits dans un premier temps, elles « soutiennent le rétablissement de la croissance et protègent les capacités de production ».

« Un grand succès dans cette crise a été la réponse politique rapide et significative. Elle a évité des faillites d’entreprises en cascade et limité l’impact sur les banques. Elle a maintenu des emplois et des revenus » pour la population, a fait valoir M. Kammer.

Il a par ailleurs souligné que les pays européens avaient « accès aux marchés financiers pour un coût très bas », car « les conditions de financement sont souples et la politique monétaire des banques centrales très accommodante ».

Le rétablissement des comptes publics devra cependant être envisagé à moyen terme afin de rétablir des marges de manœuvre budgétaires pour faire face à une future crise, a estimé l’expert du FMI.