(Washington) Pourquoi le rebond économique mondial n’a-t-il pas lieu alors que les mesures de confinement, ayant paralysé la planète au printemps, ont été levées ? Parce que les populations se mettent volontairement en retrait de la vie sociale par crainte de contracter la COVID-19, répond jeudi le FMI dans un rapport.

La paralysie totale de l’activité économique mondiale entre mars et mai a sans aucun doute mis un coup d’arrêt brutal à la production, aux échanges commerciaux et aux voyages avec des populations assignées à résidence pendant des mois.

Mais un autre facteur nourrit la profonde récession : la distanciation sociale volontaire, notent les auteurs du rapport publié en amont des réunions d’automne du Fonds monétaire international.

Aussi, la levée des restrictions se traduit par une reprise poussive et non pas par un rebond significatif comme l’avaient envisagé les économistes au début de la crise.

« L’analyse suggère que le confinement et la distanciation sociale volontaire ont joué un rôle presque comparable dans la récession économique », concluent les auteurs.  

Compte tenu de l’importance de la distanciation sociale volontaire en tant que facteur contributif à la récession, « la levée des mesures de confinement a finalement peu de chances de ramener rapidement l’activité économique à son plein potentiel si les risques pour la santé persistent », poursuivent-ils.  

Cela est d’autant plus vrai si les mesures sont levées lorsque le nombre d’infections demeure relativement élevé.

Dans ces conditions, « les décideurs doivent se méfier de la suppression trop rapide du soutien politique et envisager des moyens de protéger les plus vulnérables et de soutenir l’activité économique en tenant compte de la distanciation sociale », recommandent-ils.

Pour autant, leur analyse montre qu’un confinement « efficace », pris au début d’une épidémie, peut conduire à une reprise économique plus rapide en maîtrisant le virus et en réduisant la distanciation sociale volontaire.  

« Ces gains à moyen terme peuvent compenser les coûts à court terme des mesures de confinement, voire entraîner des effets positifs sur l’économie », ajoute le Fonds.

Les économistes de l’institution de Washington encouragent des initiatives positives, comme celles visant à réduire l’intensité des contacts et à rendre le lieu de travail plus sûr, par exemple en encourageant les paiements sans contact ou en soutenant les investissements dans les technologies de l’information.

« Bien que les verrouillages aient des effets économiques négatifs à court terme, laisser les infections se développer de manière incontrôlée peut également avoir des conséquences économiques désastreuses » pendant plus longtemps, estiment-ils enfin.