(Ottawa) La cadence du rebond économique du Canada dans la foulée de la pandémie de COVID-19 a ralenti en juillet, et peut-être même davantage en août, a indiqué mercredi Statistique Canada, suggérant que le pays se trouve dans ce que les experts décrivent comme un long chemin cahoteux vers la reprise.

Le produit intérieur brut (PIB) réel canadien a crû de 3,0 % en juillet, a précisé l’agence fédérale, ce qui était conforme à son estimation préliminaire et aux attentes des économistes sondés par la firme de données financières Refinitiv.

Cette progression était cependant inférieure à celles de 6,5 % et de 4,8 % enregistrées en juin et en mai respectivement.

Les gains ont été attribués à l’assouplissement des restrictions qui ont contraint les entreprises jugées non essentielles à fermer leurs portes en mars et avril. Ils n’ont cependant pas suffi pour ramener la production économique à son niveau d’avant la pandémie.

Dans l’ensemble, Statistique Canada calcule que la production économique reste toujours inférieure d’environ 6 % à son niveau de février, même si certains secteurs, comme ceux du commerce de détail et des services immobiliers, ont récupéré les pertes encaissées depuis le début de la pandémie.

La croissance s’est probablement poursuivie en août, a poursuivi l’agence, mais à un rythme encore plus lent. L’estimation préliminaire de Statistique Canada vise une hausse de 1,0 % du PIB pour ce mois.

« Cela suggère que la reprise perd de son élan et donc, pour moi, cela suggère que nous pourrions passer d’une phase de rebond rapide de la reprise à une phase plus difficile », a observé l’économiste Sri Thanabalasingam, de la Banque TD.

Les données finalisées au sujet du mois d’août seront dévoilées à la fin du mois d’octobre.

Le chemin de la reprise au cours des prochains mois sera lié à celui de la pandémie, ce qui pourrait mener à la remise en place de mesures restrictives, comme celles annoncées pour certaines régions du Québec cette semaine.

La croissance du nombre de contaminations laisse croire à certains observateurs que le pays se dirige vers ce que plusieurs responsables de la santé publique appellent une deuxième vague de la pandémie.

L’économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, a souligné dans une note que le ralentissement de la croissance en août, jumelé à la hausse du nombre de cas de COVID-19 des dernières semaines, suggérait que les gains pourraient être moindres dans les derniers mois de l’année.

« L’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a alimenté de solides gains du PIB canadien en juillet et août, mais les préoccupations tournent maintenant autour de l’idée que nous pourrions devoir payer pour une partie de cette plus large réouverture », a-t-il écrit.

Le Conference Board du Canada a affirmé que les mesures sanitaires et les tests devraient prévenir une nouvelle paralysie complète de l’activité économique, comme celle vécue plus tôt cette année, mais le groupe de recherche a mis en garde contre les confinements locaux, qu’il voit comme des obstacles.

La pandémie va aplatir la courbe de reprise pour la prochaine année au moins, a estimé l’économiste en chef du Conference Board, Pedro Antunes.

« Nous allons créer moins d’emplois sur une base mensuelle à l’avenir, nous allons voir les augmentations de l’activité économique ou du PIB être beaucoup plus modérées pour ce qui est de l’augmentation globale », a-t-il souligné.

Les perspectives du Conference Board signalent que le taux de chômage ne reviendra pas à ses niveaux d’avant la pandémie avant 2025.

M. Thanabalasingam croit pour sa part que la production économique du pays pourrait renouer avec ses niveaux d’avant la pandémie au début de 2022.

Tous les secteurs en hausse

Dans son rapport, Statistique Canada a noté que les 20 secteurs industriels qu’elle étudie ont affiché des augmentations en juillet. Les secteurs de l’agriculture ; des services publics ; de la finance et des assurances ; ainsi que des services immobiliers et des services de location et de location à bail ont ainsi récupéré les pertes encaissées depuis le début de la pandémie.

Le secteur de la fabrication a augmenté de 5,9 % en juillet, après avoir enregistré une expansion de 15,1 % en juin, grâce à une hausse continue de la production, tout en restant environ 6 % en deçà de son niveau d’avant la pandémie.

Le secteur des services d’hébergement et de restauration, durement touché, a bondi de 20,1 % en juillet, ce qui représentait un troisième mois consécutif de croissance de plus de 10 %.

La production des soins de santé et de l’assistance sociale s’est accrue de 3,7 % en juillet, alors que davantage de médecins, de dentistes et de laboratoires ont rouvert avec l’assouplissement des mesures visant à limiter la propagation de la COVID-19.