Les syndicats du secteur public s’inquiètent de ce qu’il adviendra, dans 20 jours, des primes accordées aux psychologues et aux ouvriers spécialisés dans les réseaux de la santé et de l’éducation.

Ces primes devaient arriver à échéance le 30 mars et l’ancien président du Conseil du trésor, Christian Dubé, les avait alors prolongées pour six mois, donc jusqu’au 30 septembre. Les parties négociaient alors toujours le renouvellement des conventions collectives.

Les syndicats commencent à s’impatienter, puisqu’ils ignorent encore les intentions du Conseil du trésor à ce sujet. Et ils sont toujours en train de négocier les conventions collectives des 550 000 employés de l’État.

« Pas de son pas d’image »

Les syndicats ont bien demandé au Conseil du trésor ce qu’il comptait faire, à 20 jours de l’échéance prévue de ces primes, mais « on n’a pas de son, pas d’image », a résumé jeudi Daniel Boyer, président de la FTQ.

Le Conseil du trésor, quant à lui, confirme que les discussions à ce sujet ont toujours cours.

Ces primes « ont été convenues avec les syndicats lors de la dernière négociation des conventions collectives et les syndicats ont accepté qu’elles prennent fin le 30 mars 2020. Elles ont été reconduites pour un six mois supplémentaires. Les parties doivent en évaluer les impacts et en convenir aux tables de négociation. Les discussions à ce sujet sont en cours. Nous souhaitons conclure des ententes avec les syndicats le plus rapidement possible », a fait savoir la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

Exemples de primes

Ces primes avaient été implantées pour attirer des travailleurs dans le secteur public et pour les y retenir, puisqu’ils seraient mieux payés dans le secteur privé.

Pour les ouvriers spécialisés (plombiers, électriciens qui travaillent dans les écoles, par exemple), la prime est de 10 %. M. Boyer rapporte que l’écart de rémunération avec l’industrie de la construction peut atteindre 8 $ l’heure pour certains métiers.

Avec un tel écart de rémunération face au privé, si ces ouvriers du secteur public perdent en plus leur prime, « ils vont aller voir ailleurs » — surtout qu’il y a plein de projets d’infrastructures, rappelle M. Boyer.

Pour les psychologues, la prime peut représenter 7000 $ par année, selon la CSN. Elle avance aussi le chiffre de 5000 $ par année pour des ouvriers spécialisés.

L’Alliance du personnel professionnel et technique dans la santé et les services sociaux (APTS), qui représente la majorité des psychologues dans le réseau de la santé, soit près de 1700, affirme que ceux qui travaillent dans le privé ont une rémunération « d’au moins 27,3 % supérieure » à ceux qui travaillent dans le secteur public.

M. Boyer est las de ces interventions à la pièce. « On ne veut pas que ce soit encore prolongé. On veut que ça se règle. On veut une convention collective pour tout le monde, avec des salaires compétitifs », s’exclame-t-il.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ne veut plus attendre. « Si le gouvernement veut s’engager sérieusement en faveur de l’attraction et de la rétention du personnel dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il a le devoir de s’engager à renouveler et même bonifier les primes, dès maintenant », a lancé sa présidente, Sonia Ethier.

« En pleine pandémie et avec toutes les difficultés qu’on a à attirer et à retenir le personnel dans les services publics, ça n’a aucun sens d’appauvrir des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs », a lancé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

« Alors que l’on connaît toutes les difficultés d’attraction de la main-d’œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux, le gouvernement entretient le flou sur des primes qui sont primordiales pour assurer la rétention du personnel professionnel et technique. Il faut que Mme LeBel garantisse rapidement le maintien des primes jusqu’à la conclusion des négociations », a commenté de son côté Andrée Poirier, présidente de l’APTS.

D’autres primes sont censées venir à échéance le 30 septembre, notamment pour ceux qui travaillent auprès d’une clientèle ayant un trouble grave du comportement et ceux qui travaillent dans un établissement du Grand Nord.