(Washington) Les négociations entre la Maison-Blanche et le Congrès sur de nouvelles aides financières sont au point mort. Et avec une dette publique qui va grimper à plus de 100 % du PIB en 2021, les discussions entre démocrates et républicains risquent de se crisper encore davantage.

La dette des États-Unis devrait atteindre 98 % du Produit intérieur brut cette année, puis dépasser 100 % du PIB en 2021, et se hisser en 2023 à son « niveau le plus élevé de l’histoire du pays », 107 % du PIB, selon les services du budget du Congrès (CBO).

Pour autant, le fardeau pourrait être moins lourd que prévu pour les prochaines générations d’Américains : « le CBO prévoit que nous paierons moins d’intérêts (de la dette) que ce qu’ils pensaient avant le Covid », relève dans un tweet Ernie Tedeschi, économiste, ancien conseiller au Trésor de l’administration Obama.

En effet, explique-t-il, les déficits vont certes grimper à cause des plans d’aide économique, les perspectives économiques sont plus mauvaises que prévu, mais tout cela est « plus que compensé par la baisse des taux d’intérêt et de l’inflation ».

Ces projections ne devraient toutefois pas être de nature à apaiser les discussions entre la Maison-Blanche et les élus démocrates du Congrès sur un nouveau plan d’aide aux ménages, aux entreprises, aux écoles et collectivités locales.

Ils sont d’accord sur la nécessité de ce nouveau plan de soutien, mais butent sur le montant : au minimum 2200 milliards de dollars pour les démocrates, contre 1000 milliards maximum pour l’administration Trump, quitte à négocier ensuite une rallonge.

En mars, le Congrès avait voté en urgence une loi, Cares Act, pour débloquer 2200 milliards de dollars, rallongée de près de 500 milliards fin avril.

Et le souci de l’endettement croissant s’est récemment invité dans le débat. Il n’avait pourtant pas été ces dernières années une priorité des législateurs des deux bords.

Cette aide économique est jugée cruciale par les économistes pour permettre à l’économie américaine de faire face à la récession.

Une gouverneure de la Banque centrale américaine (Fed), Lael Brainard, a ainsi martelé mardi que « le soutien budgétaire restera essentiel pour soutenir de nombreuses familles et entreprises ».

Créations d’emplois au ralenti

L’activité économique avait fortement rebondi en mai et juin, avec la levée progressive des mesures de confinement.

Mais la résurgence des cas de COVID-19 a fait fermer de nouveau des commerces et restaurants, contraints de relicencier les salariés qu’ils venaient de réembaucher, ce qui a durablement altéré la confiance des consommateurs, et donc la demande.

United Airlines appelle même ses salariés à faire pression sur leurs représentants politiques pour qu’une aide supplémentaire soit accordée au secteur. Sans cela, la compagnie aérienne assure qu’elle sera contrainte de licencier 16 000 salariés en octobre.

Or, le marché de l’emploi reste à la peine.

En août, le secteur privé a certes créé 428 000 emplois, mieux qu’en juillet, mais largement inférieur aux millions d’emplois récréés en mai et juin, selon l’enquête de la firme de services aux entreprises ADP publiée mercredi.

Et cela reste très insuffisant pour compenser les plus de 19 millions d’emplois perdus sur le seul mois d’avril.

Selon Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics, « il faudra plus de deux ans » pour que les emplois du secteur privé comptabilisés par cette enquête retrouvent leur niveau pré-Covid.

L’ensemble des créations d’emplois aux États-Unis en août, secteur privé et secteur public confondus, sera publié vendredi, en même temps que le taux de chômage.

De son côté, la Fed relève qu’entre mi-juillet et le 27 août, l’activité économique a augmenté dans la plupart des régions.

Mais « les gains sont généralement modestes et l’activité reste bien inférieure à ses niveaux d’avant la pandémie », a-t-elle souligné dans son Livre beige, enquête réalisée auprès des entreprises du pays et publiée mercredi.

Elle note par ailleurs que beaucoup de licenciements temporaires deviennent permanents, la demande restant en berne, notamment dans les services.

Ainsi, dans la région de San Francisco, très touchée par le virus, « les restaurants ont légèrement augmenté leurs effectifs » pendant cette période, mais l’emploi reste à un niveau très faible dans le tourisme et le divertissement.

Malgré cela, des entreprises interrogées par la Fed ont « toujours du mal à trouver la main-d’œuvre nécessaire », pour plusieurs raisons, entre autres parce que des crèches et écoles restent fermées.