(Ottawa) Le gouvernement fédéral lance une bouée de sauvetage aux petites entreprises en prolongeant un programme de prêt qui devait arriver à échéance lundi, au moment même où de nouvelles données indiquent que le programme visant à alléger le loyer des petites et moyennes entreprises est loin d’avoir atteint son objectif.

Un rapport du directeur parlementaire du budget (DPB) publié lundi matin montre que l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) coûtera 931 millions au terme de sa prolongation jusqu’en août. C’est trois fois moins que les quelque 3 milliards qui avaient été prévus par les libéraux pour ce programme.

L’AUCLC offre des prêts-subventions qui couvrent la moitié du loyer des petites entreprises admissibles, et oblige également les propriétaires à renoncer à un autre quart du loyer qui leur serait autrement dû. La demande d’aide doit être présentée par les propriétaires des immeubles, et le gouvernement leur a plusieurs fois demandé de se prévaloir de ce programme pendant toute la période offerte — une demande réitérée lundi par la ministre des Finances, Chrystia Freeland.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a appelé le gouvernement à permettre aux entreprises de présenter elles-mêmes une demande d’aide au loyer. La vice-présidente de l’organisation a prévenu que plusieurs entreprises seraient forcées de mettre la clé sous la porte si elles devaient payer dès mardi le loyer du mois de septembre.

« Il est incroyablement injuste que l’avenir d’une entreprise dépende d’un tiers. L’entreprise est admissible à ce soutien, sauf qu’une personne extérieure à l’entreprise et au gouvernement doit en faire la demande », a déploré Laura Jones en entrevue, lundi. « C’est tellement fondamentalement injuste que j’ai du mal à croire que quiconque a du bon sens et de l’intelligence ne voie pas cette injustice et ne veuille pas y remédier. »

Le porte-parole du Bloc québécois en matière de Finances, Gabriel Ste-Marie, a affirmé lundi que ce programme devait être amélioré. « Les chiffres du DPB, trois fois moindres par rapport aux prévisions initiales, témoignent de la nécessité de modifier la mesure. Le Bloc québécois réitère ses demandes : l’aide doit être prolongée et les critères élargis pour que les PME locataires puissent directement en faire la demande. C’est la survie de nos PME qui est en jeu », a-t-il affirmé dans un courriel transmis à La Presse canadienne.

Un autre programme d’aide prolongé

En conférence de presse à Toronto lundi, la ministre Freeland a déclaré que le gouvernement adapterait les programmes d’aide au besoin et s’est engagée à écouter et à soutenir les petites entreprises pour les aider à surmonter cette période difficile.

Bien que plusieurs entreprises aient repris leurs activités avec l’allègement des restrictions liées à la pandémie de COVID-19, leurs revenus sont encore bas même si leurs coûts fixes comme le loyer restent les mêmes. Plusieurs espèrent que le gouvernement apportera des changements à son programme d’aide pour les aider à maintenir la tête hors de l’eau.

« De nombreuses entreprises attendent impatiemment une réponse de notre part », a reconnu la ministre des Petites Entreprises Mary Ng, qui était assise aux côtés de Mme Freeland lors de la conférence de presse, « et je veux juste vous assurer que nous travaillons absolument sur ça. »

Afin d’aider les entreprises d’une autre manière, le gouvernement libéral a annoncé lundi la prolongation du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Chrystia Freeland a également déclaré que le gouvernement travaillait avec les institutions financières pour élargir l’admissibilité des entreprises qui ont été exclues du programme, notamment celles qui utilisent des comptes bancaires personnels plutôt que des comptes d’entreprise. Le gouvernement avait déclaré à la mi-mai qu’il s’efforçait de régler ce problème particulier.

Le programme a permis de fournir jusqu’à maintenant plus de 29 milliards de crédit aux entreprises à travers plus de 730 000 prêts. Les entreprises admissibles peuvent recevoir des prêts sans intérêt d’un montant maximal de 40 000 $ dans le cadre du programme et recevoir une remise pouvant aller jusqu’à 25 % du prêt si le solde est remboursé avant la fin de l’année 2022.