(Rio de Janeiro) Le chômage a atteint 13,3 % au Brésil au 2e trimestre, son pire taux en trois ans, en raison de la pandémie de coronavirus, et 8,9 millions d’emplois ont été perdus, a annoncé jeudi l’Institut de statistiques (IBGE).
La première économie d’Amérique latine a vu son taux de chômage progresser de 1,1 point par rapport au 1er trimestre de l’année et le taux de 13,3 % enregistré d’avril à juin cette année est le plus élevé depuis le trimestre de mars à mai 2017.
D’après l’IBGE, qui calcule le chômage en trimestres glissants, 12,8 millions de personnes sont à la recherche d’un emploi au Brésil.
Et 83,3 millions de Brésiliens avaient un emploi au deuxième trimestre, 9,6 % de moins qu’au premier.
« Parmi les 8,9 millions personnes ayant perdu leur emploi, 6 millions travaillaient dans le secteur informel » (sans contrat de travail ou équivalent), explique Adriana Beringuy, analyste de l’IBGE, dans un communiqué. Au Brésil, 36,9 % des emplois sont informels.
Près d’un quart des emplois perdus (2,1 millions) étaient dans le secteur du commerce, particulièrement affecté par les mesures de confinement visant à endiguer la pandémie.
Un des secteurs les plus touchés a été celui des employés de maison, comme les femmes de ménage ou les gardes d’enfant, avec une chute de 21 % du nombre d’emplois par rapport au premier trimestre.
L’IBGE a recensé au deuxième semestre un nombre record de personnes « découragées », qui seraient aptes à travailler, mais ont abandonné toute recherche d’emploi.
« La plupart des personnes qui ne cherchent pas un emploi disent qu’elles ont dû arrêter leurs recherches à cause de la pandémie », poursuit Adriana Beringuy.
Fin juillet, Adolfo Sachsida, secrétaire à la Politique Economique du gouvernement, a dit lors d’un entretien au quotidien Folha de S. Paulo qu’il craignait de voir les chiffres du chômage « augmenter en flèche » en septembre.
Selon lui, avec la reprise progressive de l’activité économique, un plus grand nombre de personnes vont se mettre activement à la recherche d’un emploi et être ainsi prises en compte par les statistiques.
« Il faut qu’on soit prêts à gérer ce problème qui va toucher durement la société brésilienne », a-t-il insisté.
Le déconfinement a débuté dans la plupart des États brésiliens en juin, même si le nombre de décès quotidiens dus à la COVID-19 reste très élevé, avec un bilan qui s’approche des 100 000 morts.
Mercredi, la Banque centrale a abaissé son taux directeur de 0,25 point, à 2 %, nouveau plancher historique, pour tenter de relancer l’économie.
La production industrielle a baissé de 10,9 % au premier semestre par rapport aux six premiers mois de 2019, malgré un net rebond de 8,9 % en juin.
Les analystes consultés par l’enquête hebdomadaire Focus de la Banque centrale tablent sur une contraction de 5,66 % du PIB cette année, une prévision toutefois moins pessimiste qu’il y a un mois (-6,5 %).