(Washington) Le président de la Banque centrale américaine a exhorté mercredi le gouvernement américain à prendre des nouvelles mesures de soutien aux entreprises et ménages alors que la reprise de la pandémie de coronavirus aux États-Unis ralentit la reprise économique.

« L’augmentation des cas de contamination par le virus et les mesures prises pour le contrôler commencent à peser sur l’activité économique », a souligné Jerome Powell lors d’une conférence de presse.

Les États-Unis ont connu une forte hausse des cas à partir de la fin du mois de juin, et plusieurs États comme la Californie, le Texas ou la Floride, ont dû faire marche arrière sur la réouverture de leur activité.

Les nouvelles fermetures dans le pays ont ainsi fait remonter les inscriptions au chômage mi-juillet, pour la première fois depuis fin mars.

Le président de la puissante Réserve fédérale américaine (Fed) a aussi cité les « dépenses de consommation basées sur l’utilisation des cartes de débit et de crédit (qui) ont ralenti depuis fin juin ».

« Un rétablissement complet est peu probable tant que les gens ne sont pas convaincus qu’il est sûr de reprendre une large variété d’activités », a encore asséné « Jay » Powell.

Dans ce contexte, le rythme à venir de l’économie américaine est « extraordinairement incertain », et une véritable reprise « dépendra en grande partie de notre succès à contrôler le virus », a-t-il insisté.

Il a, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises, insisté sur la nécessité de porter un masque et de respecter la distanciation sociale.

Le masque est devenu un symbole politique aux États-Unis. Le président Donald Trump a longtemps refusé d’en porter un lui-même et n’encourageait pas ses partisans à le faire au nom de la liberté individuelle.

Face à la progression du coronavirus, il a fait volte-face, recommandant de se couvrir le visage la semaine dernière.

Mais dans la nuit de lundi à mardi, il a semé la confusion sur le sujet en relayant sur Twitter une vidéo – depuis supprimée par la plateforme – dans laquelle un groupe de médecins explique, entre autres, que les masques ne sont pas nécessaires.

Taux maintenus

La Fed a aussi rappelé l’importance du soutien financier apporté par le gouvernement fédéral aux ménages et aux entreprises et s’est dite en faveur d’« actions de politiques publiques prises à tous les niveaux pour apporter de l’aide et soutenir la reprise aussi longtemps que nécessaire ».

Le Congrès avait adopté en mars un plan gigantesque d’aide économique de 2200 milliards de dollars, complété en avril par un autre plan de près de 500 milliards.

Les propos de Jerome Powell interviennent alors que les élus démocrates et républicains au Congrès tentent de trouver un consensus sur un nouveau plan d’aide de 1000 milliards de dollars.

Le temps presse, à moins de 100 jours de l’élection présidentielle.  

« Cette pandémie est le plus grand choc pour l’économie américaine de mémoire humaine », a souligné le président de la Fed. « Du plus bas niveau de chômage en 50 ans au plus haut niveau depuis 90 ans, et cela en deux mois », a-t-il encore relevé.

C’est dans ce contexte que le comité monétaire de la Fed a, sans surprise, maintenu mercredi ses taux dans une fourchette de 0 à 0,25 %, une décision prise à l’unanimité.

La Banque centrale a également assuré qu’elle les laisserait à ce niveau tant que l’économie ne serait pas pleinement remise du choc provoqué par la crise sanitaire. Elle est aussi déterminée à déployer tous les outils à sa disposition pour continuer de soutenir l’économie terrassée par la pandémie.

Depuis mars, elle a multiplié les actions pour permettre à l’économie américaine de continuer à fonctionner malgré la paralysie en mars et les tentatives de reprise depuis mai.

La Banque centrale a par ailleurs annoncé, dans un communiqué séparé, l’extension jusqu’au 31 mars 2021 d’accords de « swap », mis en place en mars face à l’avancée de la pandémie, pour permettre à neuf de ses homologues dont l’institution du Brésil, d’Australie et de pays nordiques, d’accéder facilement à des dollars.  

Un autre dispositif, mis en place fin mars pour permettre à des Banques centrales étrangères d’avoir facilement accès à des dollars en échangeant « temporairement » leurs bons du Trésor américain contre des billets verts, est également prolongé jusqu’au 31 mars 2021.

Le PIB des États-Unis au deuxième trimestre doit être publié jeudi. La baisse sera historique : au moins-35 %.