(Washington) L’activité économique aux États-Unis retrouve doucement des couleurs depuis deux mois, mais reste bien loin de son niveau d’avant la pandémie, et est désormais menacée par une nouvelle salve de contaminations dans une large part du pays.

L’incertitude générée par la pandémie plane comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des entreprises américaines. Elles sont pourtant nombreuses à avoir vu leur activité redémarrer doucement, à mesure que les 50 États qui composent le pays ont rouvert leur économie.

« Les ventes au détail ont augmenté » dans toutes les régions, relève ainsi la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi dans son Livre beige, une enquête menée auprès d’entreprises.

Des concessionnaires automobiles et des boutiques de vêtements de la région de Cleveland ont ainsi vu la demande « augmenter plus que prévu dès la réouverture ».

L’emploi a bénéficié de cette reprise, notamment dans les loisirs, l’hôtellerie et la vente au détail.

Dans la région de Philadelphie, les touristes se pressent de nouveau dans les hôtels proches des plages et dans les montagnes, mais les voyages d’affaires et les destinations urbaines restent très faibles.

Près de Cleveland, c’est le redémarrage des activités sportives pour les jeunes qui a permis de remplir certains hôtels.

Allocation chômage généreuse

Les entreprises ont toutefois des difficultés à faire revenir leurs salariés ou à réembaucher, en raison d’inquiétudes liées au virus, de problèmes de garde d’enfants quand les écoles sont fermées, et surtout d’une allocation chômage temporairement plus généreuse.

Le gigantesque plan de relance de l’économie négocié fin mars entre l’administration Trump et le Congrès augmente en effet de 600 dollars hebdomadaires le montant de l’allocation. Beaucoup de chômeurs touchent ainsi plus d’argent que lorsqu’ils travaillent.

Plusieurs entreprises de la région de Chicago disent avoir des difficultés à réembaucher au tarif prépandémique.

Cette mesure doit prendre fin le 31 juillet, mais une rallonge pourrait être votée.

Autre mesure issue de ce plan de relance, les prêts aux petites et moyennes entreprises ont aidé beaucoup de patrons interrogés à conserver leurs salariés. Mais pour la suite, « c’est la demande qui déterminera s’ils peuvent éviter des licenciements », souligne la Fed.

Côté industrie, la production du pays a grimpé de 5,4 % en juin, par rapport à mai, après le plongeon historique de 11,2 % en avril, selon les données publiées mercredi par la Fed.

Le niveau reste toutefois bien inférieur à celui d’avant la pandémie.

Et au deuxième trimestre, la production industrielle a chuté de 42,6 % en rythme annuel, sa plus forte baisse trimestrielle depuis la Seconde Guerre mondiale.

« Les interruptions liées au virus ainsi que la faible demande vont continuer à restreindre la production », alerte Rubeela Farooqi de High Frequency Economics.

Dans la région de New York, très touchée, car elle fut l’épicentre de la pandémie aux États-Unis, l’activité manufacturière commence tout juste à se redresser, après quatre mois de baisse. Les entreprises sont optimistes pour les six prochains mois.

« Nouveau ralentissement économique »

Malgré ces bonnes nouvelles, « les perspectives restent très incertaines », en raison de « la durée de la pandémie de COVID-19 et de l’ampleur de ses implications économiques », précise le Livre beige.

Les contaminations explosent de nouveau depuis plusieurs semaines aux États-Unis, et des États qui avaient rouvert leur économie prématurément sont désormais contraints de ralentir ou faire marche arrière, comme la Californie, l’Arizona, le Texas, la Floride. Et le port du masque est désormais devenu un symbole d’appartenance politique.

L’éventualité d’une deuxième vague faisait trembler les milieux économiques, qui craignaient que la confiance déjà faible ne soit alors terrassée.

« La situation nationale se détériore, car (cette) résurgence […] entraîne un nouveau ralentissement économique », et la reprise sera « beaucoup plus lente » que celle des dernières semaines, craignent les analystes d’Oxford Economics.

Les États-Unis semblaient pourtant avoir entamé dès mai un lent redressement. Le chômage n’avait pas grimpé aux niveaux record prédits par les économistes, et avait même commencé à reculer en juin, à 11,1 %.