Le taux de chômage en baisse de 3 %

( ) Le Québec a récupéré en juin un peu plus de la moitié des emplois perdus depuis le début de la crise, grâce à la reprise graduelle des activités. Malgré ce rebond rapide, le chemin qui reste à faire vers la récupération complète s’annonce beaucoup plus long et pourrait prendre de nombreux mois.

L’emploi a rebondi de 6,5 % en juin. « On s’attendait à ça, explique Francis Généreux, économiste principal de Desjardins. Les emplois sont revenus avec les réouvertures parce que les entreprises ont pu rappeler des employés. »

Selon lui, le rythme de la récupération ralentira au cours des prochains mois, parce que des entreprises ne rouvriront pas et que d’autres, comme les restaurants, qui fonctionnent à capacité réduite, n’auront pas besoin d’un aussi grand nombre d’employés qu’avant.

Les faillites et les restructurations qui se multiplient dans le secteur du commerce de détail donnent une bonne indication de la réduction des besoins de main-d’œuvre à venir.

L’emploi au Québec a augmenté de 248 000 en juin, après une hausse de 230 000 en mai. Le taux de chômage est passé de 13,7 % à 10,7 %. Ce recul est « entièrement attribuable à la baisse du nombre de personnes mises à pied », a souligné Statistique Canada.

L’enquête de juin a été réalisée entre le 14 et le 20 du mois, soit avant la reprise des activités dans les restaurants au Québec et alors que des mesures de confinement étaient encore en vigueur en Ontario. Les provinces qui ont repris le plus rapidement leurs activités, comme le Nouveau-Brunswick et le Québec, sont celles qui ont récupéré le plus vite les emplois perdus. Au Québec, 58,3 % des emplois perdus aux mois de mars, d’avril et de mai avaient été récupérés au mois de juin.

Un début de sortie de crise ?

Le taux de chômage du Québec a atteint 17 % au mois d’avril, le pourcentage le plus élevé au Canada. À 10,7 %, il est maintenant inférieur à celui de l’Ontario (12,2 %), et plus bas que la moyenne canadienne (12,3 %).

Il n’en fallait pas plus pour que le ministre des Finances du Québec souligne « un début de sortie de crise » et s’en attribue le mérite. « Les actions du gouvernement depuis le début de la pandémie portent fruit, a réagi Eric Girard, dans un communiqué. Les chiffres sont encourageants et démontrent que notre plan de match fonctionne. »

Pour la suite des choses, ça reste à voir, tempère Clément Gignac, économiste en chef chez iA.

Le bilan de l’emploi de juin est encourageant, mais le reste dépend surtout de la discipline de la population et de la possibilité d’un reconfinement.

Clément Gignac, économiste en chef chez iA

Clément Gignac rappelle qu’il a fallu jusqu’à six ans pour récupérer les emplois perdus lors des récessions précédentes.

À ses yeux, il ne fait pas de doute que les interventions des gouvernements, surtout les dizaines de milliards du gouvernement fédéral, ont aidé le marché du travail à rebondir plus vite. Le nombre de faillites n’a pas trop augmenté, souligne-t-il, et le taux d’épargne a augmenté, ce qui contribuera à la reprise.

« Il faudra prendre un peu de recul avant de juger de l’impact de l’intervention gouvernementale, surtout pour voir si c’est durable ou non. »

Encore du chemin à faire

Les chiffres de l’emploi du mois de juin indiquent clairement que les dégâts causés par la crise du coronavirus commencent à s’estomper. Le nombre d’emplois est en hausse de 5,8 % au Canada, à 953 000. C’est plus que les 700 000 attendus, soulignent les économistes de la Banque Nationale Jocelyn Paquet et Kyles Dahms.

Les gains des deux derniers mois ne représentent toutefois qu’une fraction des 3 millions d’emplois perdus en mars et en avril au pays, soulignent-ils.

Les emplois revenus en juin sont majoritairement dans le secteur privé et se divisent à peu près également entre les emplois à temps plein et ceux à temps partiel.

Dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, le nombre d’emplois reste encore très inférieur à ce qu’il était avant la crise.

C’est la raison pour laquelle le taux de chômage chez les jeunes et les femmes, qui sont surreprésentés dans ce secteur, reste très élevé.

Selon Statistique Canada, le nombre de chômeurs au pays est plus élevé que le taux officiel de 12,3 % établi en juin, si on compte les personnes qui veulent travailler, mais qui ne cherchent pas d’emploi, probablement parce qu’elles estiment qu’elles n’ont aucune chance d’en trouver à cause de la crise. En tenant compte de ces personnes, le taux de chômage grimpe à 16,3 %.