Tous les pays du monde se constituent une réserve pour continuer à fonctionner en cas de coup dur.

Certains sont plus prévoyants que d’autres, mais la plupart s’assurent contre les risques de crise majeure comme la chute brutale de la valeur de leur monnaie ou la fermeture des marchés financiers en maintenant des réserves, généralement gérées par leurs banques centrales.

La taille de ces réserves dépend de plusieurs facteurs, dont l’estimation de la capacité du pays à continuer de fonctionner sans accès aux marchés financiers pendant une certaine période de temps. Elle varie grandement selon les pays. En haut de la liste, le Japon est le plus prudent avec des réserves équivalant à presque 25 % de son produit intérieur brut. En bas, les États-Unis avec des réserves officielles correspondant à 2 % de la taille de leur économie. Le Canada est à 4,8 %.

Ces réserves ont longtemps été constituées d’or, une relique de l’époque où seul le métal jaune avait une valeur internationale reconnue. Avec le temps, les banques centrales ont réduit leurs réserves d’or, qui a le défaut de ne pas rapporter d’intérêts, pour y mettre divers actifs, des devises étrangères ou des titres de dettes qui génèrent du rendement, comme les obligations du gouvernement américain.

Plusieurs pays ont donc décidé de remplacer l’or de leurs réserves par des actifs plus liquides et qui génèrent du rendement. Au Canada, la décision de réduire le poids de l’or dans ses réserves remonte à 1980. Aujourd’hui, le Canada n’a plus du tout d’or dans ses réserves officielles dont la valeur est estimée à 80 milliards de dollars. C’est aujourd’hui le seul pays du G20 à ne pas garder d’or au cas où…

Avec le temps et la mondialisation de l’économie, le dollar américain s’est imposé comme la principale devise de réserve. Ce sont le dollar américain et la Réserve fédérale américaine qui jouent maintenant le rôle de stabilisateur des marchés financiers mondiaux. En période de crise, la Fed aide les autres banques centrales à assurer le fonctionnement des marchés financiers.

Tant que les États-Unis y trouvent leur compte, tout baigne. Tant que ses principaux partenaires économiques acceptent ce pouvoir qu’exercent les Américains, ça va. Mais ça peut changer, affirme une étude très intéressante des économistes de la Banque Nationale.

Avec les tensions commerciales croissantes et le comportement des États-Unis, qui se replient sur eux-mêmes et tournent le dos à la coopération internationale, il faut envisager la possibilité que la Fed ne joue plus ce rôle de facilitateur lors des prochaines crises.

La devise de référence internationale

Le dollar américain va-t-il continuer d’être la devise de référence internationale, ou être graduellement remplacé par la devise de la Chine, l’autre puissance économique qui accroît son influence dans le monde ?

Ce sont des questions qui se posent et l’étude suggère qu’il serait peut-être temps pour le Canada de remettre de l’or dans ses réserves, d’autant qu’avec les taux d’intérêt actuels, le rendement des titres de dettes du gouvernement américain est pratiquement à zéro et il le restera sans doute longtemps.

Le manque de liquidités associé aux lingots d’or n’est plus le problème qu’il a déjà été si un pays a un urgent besoin de liquidités. L’existence de produits dérivés et le fait que l’or est maintenant largement négocié partout dans le monde lui redonne de la valeur comme outil de gestion du risque.

En tout cas, plusieurs banques centrales remettent de l’or dans leurs réserves, après en avoir réduit la proportion au cours des dernières années. C’est en Europe, notamment, que le poids de l’or dans les réserves officielles est le plus important, si on additionne les réserves des pays membres de l’Union et celles de la Banque centrale européenne.

Le monde et les temps changent, comme le chante Bob Dylan. Mais l’or reste. Indestructible, il a conservé sa valeur au cours des siècles et il peut encore aujourd’hui être converti dans la devise qui règne sur le monde, que ce soit le dollar américain ou le renminbi…