L’équipe derrière Le Panier Bleu a annoncé la création de « huit grands chantiers » pour « accélérer la transformation numérique » des détaillants du Québec. Concrètement, il s’agit de comités d’experts dont la mission sera de trouver le moyen de rendre les commerçants locaux plus efficaces sur le web.

« On met en commun les meilleurs talents pour pouvoir se battre à armes égales [contre les géants mondiaux du web] », a résumé le directeur général du Panier Bleu, Alain Dumas, lors d’une conférence de presse virtuelle.

Pour illustrer l’ampleur du retard accumulé au Québec, M. Dumas a précisé que pour « près de 4000 commerces », Le Panier Bleu est la « première vraie vitrine sur le web ». En tout, 19 902 détaillants sont maintenant référencés sur la plateforme lancée le 5 avril.

Les groupes de travail seront présidés par des experts bénévoles (voir liste ci-dessous) qui auront comme mandat de réunir d’autres experts et de pondre un rapport avec l’assistance de Desjardins. Aucune date de tombée ne leur a été donnée, mais M. Dumas affirme qu’il y a « un sentiment d’urgence » et il ne voudrait pas que le projet s’étende jusqu’en 2021.

L’idée n’est pas d’ajouter de nouvelles fonctions au site Le Panier Bleu, a précisé M. Dumas en entrevue. Ces chantiers ont plutôt comme mission d’aider les détaillants du Québec, peu importe la manière. Des solutions aux problèmes de transport, par exemple, pourraient être étudiées. « Peut-on travailler ensemble pour avoir de la logistique de calibre mondial ? » Il n’est cependant pas exclu que la réflexion permette aussi d’améliorer le site visité par plus de 100 000 personnes par semaine.

« C’est un grand projet pour le commerce de détail », a déclaré le ministre de l’Économie et de l’Innovation Pierre Fitzgibbon, qui participait à l’annonce.

CE N’EST PAS L’INTÉRÊT QUI MANQUE

Le ministre a profité de l’évènement pour dévoiler les résultats d’un sondage CROP qui laisse croire que les Québécois ont un intérêt marqué pour l’achat local, mais que l’offre est déficiente. Ce qui expliquerait pourquoi ils se tournent massivement vers des géants étrangers.

Certains (39 %) jugent qu’il est difficile de trouver des produits québécois près de chez eux, d’autres (22 %) achètent peu de produits locaux parce qu'ils ne trouvent pas ce qui correspond à leurs besoins. En outre, 14 % des répondants ont dit ne pas acheter de produits locaux car ils peinent à les trouver sur l’internet.

Aussi, Pierre Fitzgibbon a souligné que 60 % des Québécois connaissent Le Panier Bleu. « Et fait encore plus intéressant, plus de la moitié des Québécois qui connaissent Le Panier Bleu affirment que la plateforme a eu pour effet de faire augmenter leur consommation de produits québécois. »

« Notre objectif était de mettre l’achat local au cœur des préoccupations. Je pense qu’on peut dire ‟mission accomplie” », a conclu le ministre.

NOUVEAUX OUTILS POUR LES DÉTAILLANTS

Le Panier Bleu commencera par ailleurs à donner « dès cette semaine » aux détaillants des « informations sociodémographiques » au sujet de la clientèle potentielle à proximité, soit dans un rayon de 1 kilomètre. Ce service est offert par l’entreprise québécoise Anagraph.

Les informations, provenant de Statistique Canada, pourront notamment permettre à un commerçant de connaître le profil de ceux qui viennent voir sa fiche sur le site du Panier Bleu. « On veut lui donner une certaine intelligence d’affaires », explique M. Dumas.

Les détaillants présents sur Le Panier Bleu auront aussi accès à des outils de clavardage en ligne grâce à la collaboration de HeyDay, ce qui « permet [d’offrir] une expérience client plus personnalisée ».

Alain Dumas observe que les détaillants ont maintenant « un sentiment d’urgence » en ce qui concerne le commerce électronique, comme si la COVID-19 les avait propulsés « dans 10 ans ». « Même le vocabulaire a changé. » Il n’y a pas si longtemps, le commerce de l’autre côté de la rue était un concurrent, tandis qu’aujourd’hui, l’idée de travailler main dans la main avec lui pour être plus fort a fait son chemin.

Liste des chantiers et de leurs présidents

> Capacités logistiques – Michel Girard, président-directeur général de Drakkar Logistics
> Transport et livraison – Catryn Picard, présidente et chef de la direction de Nationex
> Gestion de la vie privée et protection des renseignements personnels – Elisa Henry, associée chez Borden Ladner Gervais LLP
> Gestion de l’expérience consommateur et de la relation client – Nathalie Larue, première vice-présidente, stratégie, marketing mouvement et services aux particuliers chez Desjardins
> Sécurité transactionnelle et paiement – Gabrielle Cournoyer, vice-présidente, solutions de cartes et de paiements à la Banque Nationale
> Capacités technologiques de commerce numérique – identité du président à venir
> Origine québécoise des produits et des commerces – Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec
> Communication marketing – Jean-Philippe Shoiry, chef de la stratégie et cofondateur de l'agence Republik