La Banque du Canada croit que l’incidence de la pandémie « semble avoir atteint un sommet », mais comme elle s’attend à une reprise lente de l’économie, les taux d’intérêt pourraient rester bas encore longtemps.

Au premier jour de l’entrée en fonction de son nouveau gouverneur, Tiff Macklem, la banque centrale a laissé son taux directeur inchangé, à 0,25 %, mercredi.

Si la décision sur les taux est celle de son prédécesseur, Stephen Poloz, le nouveau gouverneur « a assisté en tant qu’observateur aux délibérations du conseil de direction en vue de cette décision sur le taux directeur, et il est d’accord avec la décision sur le taux et les mesures annoncées », a fait savoir la banque centrale.

Des signes positifs commencent à apparaître, constate la Banque du Canada. Les politiques d’urgence mises en place dans les pays industrialisés commencent à avoir un effet.

Les conditions financières se sont améliorées, et les prix des produits de base ont augmenté ces dernières semaines après avoir baissé fortement plus tôt cette année.

 La Banque du Canada

Comme le fonctionnement des marchés s’améliore et que le déconfinement se poursuit, la banque centrale « déplacera son attention sur la reprise de la croissance de la production et de l’emploi ».

« La Banque du Canada voit le bout du tunnel », constate Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne. La banque s’attend à une reprise lente et inégale et, si ce scénario se confirme, le taux directeur pourrait demeurer à son niveau actuel jusqu’en 2022, selon lui.

Le pire a été évité

« L’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus pessimiste présenté dans le Rapport sur la politique monétaire d’avril », selon la banque, qui s’attend quand même à un recul du produit intérieur brut canadien de 10 % à 20 % au deuxième trimestre.

La croissance pourrait réapparaître au troisième trimestre. Déjà, les marchés financiers ont commencé à se remettre du choc de la paralysie. La Banque du Canada estime que ses interventions ont produit l’effet escompté, et qu’il est temps de les réduire.

En conséquence, elle ralentira le rythme de certaines de ces interventions, mais continuera d’acheter des titres de dette du gouvernement fédéral, des provinces et de certaines entreprises.

Selon Benoit Durocher, il ne faut pas craindre un désengagement rapide de la Banque du Canada dans les marchés. « Il faudra de nombreux trimestres avant que la reprise économique soit bien enclenchée », estime-t-il.

La banque centrale réitère en effet son intention de poursuivre son programme d’achat massif d’actifs « jusqu’à ce que la reprise économique soit bien entamée ».