Imaginez la difficulté de vendre des condos sur plan quand la pandémie force la fermeture des bureaux de vente. C’est à cette tâche que s’est attelée l’Agence Six, spécialisée dans la vente de copropriétés neuves, en numérisant de A à Z le processus de vente.

Résultat : elle a réussi à vendre 50 condos pendant que le Québec en entier était sur pause.

« Quand le gouvernement a décidé de mettre le Québec sur pause et de limiter les visites en personne en immobilier, il fallait se virer de bord, explique Elian Sanchez, président de l’Agence Six, dans une visioconférence. Par chance, nous avions des outils en place qui nous permettaient de réaliser à distance certaines étapes du processus de vente. »

Le Grand Confinement a été l’occasion d’achever la transformation. « En 10 jours, du 23 mars au 3 avril, on a converti 15 projets de condos en mode virtuel », dit l’associé, âgé de 30 ans. En passant, le gouvernement a autorisé de nouveau les courtiers à faire visiter des logements depuis le lundi 11 mai.

Bureau de vente virtuel

Le processus de vente virtuelle comprend les éléments suivants : interaction visuelle du client et du courtier en temps réel, plan interactif du quartier où se trouve le projet, visite 3D des logements pixélisés, aperçu de la finition en fonction des choix, simulation des vues, plan interactif des logements, présentation détaillée du processus d’achat, calculateur financier et contrat avec signature électronique.

Pour suivre à la trace tout client potentiel dans un univers complètement virtuel, Six se sert d’un logiciel de gestion des relations clients adapté aux exigences de la vente immobilière, qui a été conçu par la firme Onyx Technologies, de Gabriel Harbour.

En réaction au confinement, j’ai eu deux types de clients : des agences comme Six, qui ont pris les bouchées doubles pour créer un bureau de vente virtuel, et d’autres, plus traditionnels, qui ont suspendu leurs activités parce qu’ils ne pouvaient imaginer vendre des unités dans le contexte actuel. Ces derniers ont raté une saprée belle opportunité.

Gabriel Harbour

L’Agence Six ne regrette pas d’avoir foncé. Depuis le début avril, Six soutient avoir vendu 50 logements en copropriété divise, répartis dans une quinzaine de projets. Certes, c’est moins qu’à la même période l’an dernier, reconnaît M. Sanchez, mais un flux de transactions de cet ordre a permis à ses clients promoteurs de respecter l’échéancier de réalisation des projets. Le contraire se serait produit, affirme-t-il, si son agence avait dû rester fermée pendant la pause forcée.

De 100 à 150 demandes d’information entrent chaque jour chez Six. « La demande pour les condos n’a pas tant varié. On joint les gens plus facilement que d’habitude. Les gens ont plus de temps pour magasiner », se réjouit M. Sanchez.

Parmi les projets de condos dont Six assure la commercialisation, on trouve les condos de Sir John du Groupe Bertone, dans le quartier Mercier, coin Sherbrooke et Langelier. L’agence s’occupe des ventes du Solstice, de QMD Ménard, rue de la Montagne près du Centre Bell, au centre-ville, et de celles de Néo Condos à Saint-Léonard, un projet commun de QMD Ménard et d’Altius, de Jacques Plante.

Caduc, le bureau de vente ?

Avec la numérisation du processus de vente, a-t-on encore besoin d’un bureau de vente physique ? « Acheter une automobile sur l’internet, c’est possible. Quand vient le temps d’acheter un bien immobilier, qui coûte 20 fois le prix d’une automobile, les gens veulent voir le produit et son environnement », pense Gilles Ouellet, expert en marketing immobilier.

Pour Elian Sanchez, la disparition du bureau de vente traditionnel n’est pas pour demain. « Il se pourrait qu’en fin de projet, lorsqu’il reste moins d’une demi-douzaine d’unités à vendre, on ferme le bureau et on passe en mode virtuel à 100 % au lieu de garder ouvert le bureau et de prolonger son bail de location », avance-t-il. Il émet aussi l’hypothèse que les promoteurs de nouvelles tours de logements locatifs pourraient être tentés de faire l’économie de l’aménagement coûteux d’un bureau de location s’ils ont la possibilité d’offrir le service complet sur l’internet.