(Ottawa) Les ventes des fabricants canadiens ont enregistré en mars leur plus forte baisse en pourcentage depuis la crise financière et des économistes ont prévenu que ces ventes devraient continuer de baisser en avril, la pandémie de COVID-19 ayant paralysé une vaste partie de l’économie.

Nathan Janzen, un économiste principal de la Banque Royale, a estimé jeudi que les données économiques devraient également empirer considérablement en avril, puisque les mesures de confinement étaient en place pendant toute la durée du mois.

« Au-delà de cela, nous pourrions déjà voir une certaine amélioration en mai, avec des mesures de distanciation sociales assouplies par endroits, mais la baisse de l’activité en mars et avril devrait malgré tout être stupéfiante et complètement inédite pour les données économiques modernes », écrit M. Janzen dans une brève note.

Statistique Canada a annoncé jeudi que les ventes des fabricants avaient chuté de 9,2 % pour s’établir à 50,8 milliards en mars, leur niveau le plus faible depuis juin 2016, alors que les usines fermaient leurs portes en raison de la pandémie ou faisaient face à une demande en forte baisse.

Les économistes s’attendaient en moyenne à une baisse de 5,7 %, selon les prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.

Exprimées en volume, les ventes des fabricants ont reculé de 8,3 %.

Les ventes ont chuté dans 17 des 21 industries observées par l’agence fédérale. Celles de l’industrie du matériel de transport ont plongé de 26,5 % en mars, les usines canadiennes d’assemblage d’automobiles et plusieurs fournisseurs de pièces en Amérique du Nord ayant réduit leur production. Celles du sous-groupe des véhicules automobiles ont chuté de 33,8 %, tandis que celles des pièces de véhicules automobiles ont reculé de 31,6 %.

Les ventes de l’industrie des produits du pétrole et du charbon ont reculé de 32,2 % en mars.

Cependant, celles des fabricants de produits alimentaires ont augmenté de 8,2 %, tandis que celles des fabricants de papier ont augmenté de 8,4 %, les Canadiens ayant fait le plein d’articles d’épicerie et de papier toilette. Les ventes de boissons et de tabac ont augmenté de 6,7 %.

À l’exclusion des véhicules automobiles, des pièces et des accessoires, les ventes du secteur de la fabrication ont diminué de 5,5 %.

L’économiste de la Banque TD Omar Abdelrahman a estimé que l’assouplissement des restrictions offrirait une légère augmentation en mai, mais que « la voie de la reprise dans le secteur reste trouble ».

« La plupart des activités manufacturières ne devraient connaître qu’une reprise progressive en “U”, car le contexte macroéconomique mondial faible, l’incertitude accrue et la faiblesse persistante du secteur de l’énergie continuent de peser sur les expéditions », a écrit M. Abdelrahman.

« Seules quelques industries manufacturières (aliments, produits chimiques) devraient enregistrer une performance supérieure ou connaître une reprise rapide en “V”. »

À l’échelle régionale, les ventes des fabricants ont diminué dans huit provinces en mars, tirées par l’Ontario, qui a enregistré une baisse de 14,3 %, et le Québec, où les ventes ont chuté de 4,1 %.

Les fabricants du Manitoba ont vu leurs ventes augmenter de 8,2 %, grâce aux ventes d’aliments, tandis que ceux de la Nouvelle-Écosse ont observé une augmentation de 2,9 % de leurs ventes en raison de la hausse des ventes dans les industries du matériel de transport et du papier.

Dans une estimation préliminaire pour le mois de mars publiée le mois dernier, Statistique Canada a indiqué que l’activité économique avait probablement enregistré une baisse de 9 % pour le mois, les affaires s’étant arrêtées en raison des mesures prises pour ralentir la propagation du nouveau coronavirus.

Statistique Canada devrait publier le 29 mai son rapport complet sur l’évolution du produit intérieur brut en mars, en plus de présenter ses résultats pour le premier trimestre de l’année.