(Montréal) Après le pic enregistré en mars, les recettes des épiceries ont ralenti en avril, mais sont quand même demeurées à des niveaux élevés comme jamais, la pandémie de COVID-19 continuant d’affecter les consommateurs : ils ont notamment acheté moins de fleurs, mais plus de farine, d’alcool et de condoms.

Statistique Canada continue de surveiller comment les habitudes des consommateurs canadiens se sont modifiées en ces temps de pandémie. Les chiffres présentés sont tirés des données transactionnelles des produits d’épicerie.

Au début de la pandémie en mars, l’organisme fédéral de statistiques notait que les ventes d’épicerie avaient augmenté de 40 % par rapport à la même semaine en 2019.

La tendance vers des paniers d’épicerie bien garnis s’est poursuivie en avril, mais de façon un peu plus modérée : au cours de la semaine se terminant le 11 avril, les ventes avaient augmenté de 19 % par rapport à la semaine comparable un an plus tôt.

Certains achats se sont démarqués.

Au cours de la première semaine de mars, les ventes de désinfectant pour les mains avaient bondi de 792 %. En avril, la croissance des ventes a ralenti, mais est restée considérable (+ 345 %), alors que le désinfectant était difficile — voire impossible — à trouver.

À la mi-avril, les ventes de médicaments contre le rhume étaient de retour à des niveaux similaires à ceux observés avant la pandémie, alors que les achats de savon (+ 68 %) et de masques et de gants (+114 %) sont demeurés élevés par rapport aux ventes enregistrées un an plus tôt.

Les achats massifs de papier de toilette qui avaient attiré l’attention en mars ont ralenti en avril, possiblement parce que les fabricants ont fait savoir qu’il n’y aurait pas de pénurie, souligne Statistique Canada.

Et alors que les Canadiens se sont transformés en boulangers et en pâtissiers amateurs comme jamais, les ventes de farine ont été de 80 % plus élevées pour la semaine se terminant le 11 avril, par rapport à cette même semaine en 2019. C’est toutefois une baisse par rapport à la mi-mars : les Canadiens s’étaient alors arraché les sacs de farine, augmentant les achats de cette denrée de 200 %.

La fête de Pâques a aussi senti l’impact de la pandémie qui a rendu impossibles les célébrations avec les grands-parents et avec la famille élargie : les ventes de fleurs ont diminué fortement (une baisse de 47 %) par rapport à 2019.

« Bien que de nombreux Canadiens aient célébré la fête pascale, ils semblent l’avoir fait à la maison avec leur petite famille ou virtuellement, et peu de fleurs ont été offertes en personne », est-il écrit dans la note d’analyse de Statistique Canada.

Par ailleurs, les Canadiens ne semblent pas être heureux de se balader avec leur repousse de cheveux bien en évidence : les ventes de produits de coloration ont bondi de 75 % à la mi-avril par rapport à l’année précédente.

L’impact de la fermeture des bars et de beaucoup de cafés s’est aussi fait sentir.

Dans les provinces où la bière et le vin peuvent être achetés en épicerie, les achats d’alcool des Canadiens ont été nettement supérieurs à ceux enregistrés en 2019. Les Canadiens ont aussi commencé à faire leur café à la maison, l’accès aux cafés étant limité. Au cours de la semaine se terminant le 11 avril, les ventes de filtres à café ont crû de 68 % par rapport à la même période un an plus tôt.

Durant les premières semaines de mars, les ventes de condoms ont bondi, a relevé l’organisme fédéral de statistiques.

Il souligne dans son analyse que l’annonce d’une possible fermeture des usines de fabrication de condoms en Malaisie pour éviter la propagation de la COVID-19 avait peut-être suscité des craintes de pénurie.

Bien que les Canadiens aient acheté plus de condoms au début de la pandémie, les ventes ont ralenti dans les semaines qui ont suivi pour revenir à leurs niveaux habituels, est-il souligné dans l’analyse.