Même si la pandémie de COVID-19 fera renouer le Québec avec les déficits, cela ne devrait pas ébranler sa cote de crédit, du moins à court terme, estime l’une des principales agences de notation.

Dans une note publiée vendredi, Moody’s n’a pas touché à la cote de la province — qui est de Aa2 (stable), à deux échelons de la cote la plus élevée — en soulignant que la diversification de son économie ainsi que des outils comme le Fonds des générations devraient limiter les dégâts provoqués par la crise actuelle.

« Bien que nous anticipions une baisse marquée de l’activité économique en 2020 […] la trame de fond devrait demeurer résiliente et générer une croissance vigoureuse en 2021 au fur et à mesure que les mesures de confinement seront levées », peut-on lire dans la note de l’agence new-yorkaise.

Cette semaine, l’Institut de la statistique du Québec a signalé que ses premières estimations laissaient croire que le produit intérieur brut (PIB) de la province avait fléchi de 10 % en mars. Pour l’exercice, Moody’s anticipe une contraction de 6,1 % du PIB réel — ajusté à l’inflation.

Moody’s prévient qu’elle pourrait réviser à la baisse la note de crédit de la province advenant une perte de la « discipline fiscale » qui se traduirait par d’importants déficits successifs.

« Même si cela est anticipé depuis plusieurs années, le Québec entre dans une phase où sa situation démographique viendra peser sur sa santé financière pour de bon », signale l’agence, en précisant que le vieillissement de la population s’accélérait plus rapidement dans la province qu’ailleurs au pays.

En continuant de procéder à des émissions sur les marchés pour financer ses manques à gagner, Québec se retrouvera avec un fardeau de la dette qui demeurera élevé, prévient également Moody’s. Dans le budget déposé en mars dernier, tout juste avant la mise en quarantaine de l’économie, le gouvernement Legault tablait sur un service de la dette qui s’élevait à 8,3 milliards pour l’exercice.

Dans diverses entrevues accordées au cours des dernières semaines, le ministre québécois des Finances, Eric Girard, a suggéré qu’il y aurait un manque à gagner pouvant osciller entre 12 milliards et 15 milliards au terme de l’exercice 2020-2021 en raison de la tempête économique déclenchée par la pandémie.

Jeudi, lors d’un point de presse, le premier ministre François Legault avait signalé que la province allait enregistrer des déficits qui viendront gonfler sa dette, ajoutant qu’il faudrait « un certain nombre d’années » avant de retrouver un contexte similaire à celui d’avant la pandémie.

« On le sait, ça va prendre des années avant de retrouver l’équilibre budgétaire », avait-il lancé, en réponse à une question sur les finances publiques.

Moody’s table plutôt sur un budget à l’encre rouge de 9,8 milliards pour 2020-2021, soit 8,8 % des revenus de la province, un niveau qui demeure supérieur aux déficits enregistrés à la suite de la crise financière de 2008. Pour 2021-2022, l’agence table sur un trou de 3 milliards.

D’après les prévisions de l’agence, le ratio de la dette brute par rapport au PIB devait s’établir à 42 % en 2020-2021, avant de remonter à 46,2 % lors de l’année financière suivante.