(Ottawa) Les premiers paiements d’un programme fédéral de subventions salariales de 73 milliards seront versés d’ici la fin de la première semaine de mai, agissant comme un contrefort au choc économique créé par la COVID-19.

Les libéraux espèrent que la subvention salariale de 75 % incitera les entreprises à réembaucher une grande partie des six millions de travailleurs canadiens qui ont demandé une aide fédérale d’urgence depuis que la pandémie a plongé l’économie mondiale dans une quasi-impasse.

Les formulaires en ligne seront disponibles à compter du 27 avril. Les responsables s’attendent à avoir traité 90 % des demandes d’ici le 4 mai et les paiements arriveront plus tard cette semaine, ont annoncé jeudi les députés du Comité permanent des finances de la Chambre des communes.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a dit aux élus que la mesure fiscale fédérale aidera à maintenir les liens employeur-employé pour favoriser une reprise.

Même si les mesures de confinements devraient être levées avant l’été, M. Poloz a averti qu’il pourrait s’écouler encore un certain temps avant que l’économie ne retrouve son rythme d’avant la crise.

« Nous allons obtenir une trajectoire en forme de V. On va beaucoup descendre avant de remonter la pente, mais pas complètement, a souligné M. Poloz. Peut-être une autre année sera nécessaire pour que l’économie retrouve le même chemin où elle était avant que tout cela commence. »

Cependant, plus il faudra de temps pour que l’activité économique reprenne, plus les entreprises fermeront définitivement et plus les travailleurs seront confrontés au chômage pendant qu’ils chercheront de nouveaux emplois.

Jeudi matin, le gouvernement a annoncé l’élargissement d’un programme de prêts aux petites et moyennes entreprises, et a promis un nouveau soutien aux entreprises ayant des difficultés à payer leur loyer.

Le Compte canadien d’urgence pour les entreprises accordera désormais jusqu’à 40 000 $ de prêts garantis par le gouvernement aux entreprises dont la masse salariale a atteint l’an dernier entre 20 000 et 1,5 million. Elle offrait auparavant des prêts aux entreprises avec une gamme de salaires plus restreinte, entre 50 000 et 1 million.

220 000 prêts

Depuis le lancement du programme de prêts le mois dernier, les entreprises ont contracté 220 000 prêts d’une valeur de 8,8 milliards, a mentionné le ministre des Finances, Bill Morneau, au comité des finances.

Les prêts sont sans intérêt jusqu’au 31 décembre 2022 et s’ils sont remboursés d’ici là, jusqu’à le quart du prêt sera annulé.

Poussé sur certaines petites entreprises qui ne sont peut-être pas encore admissibles à l’aide parce qu’elles paient des dividendes ou emploient des entrepreneurs, Morneau a suggéré que ces travailleurs seraient admissibles à la prestation canadienne d’intervention d’urgence de 2000 $ par mois.

Le gouvernement fédéral travaille également sur un programme pour aider les entreprises et les propriétaires commerciaux à couvrir leurs loyers pendant au moins trois mois, bien que les détails doivent encore être réglés avec les provinces et les territoires, a déclaré M. Morneau.

Le gouvernement fédéral a augmenté ses dépenses de plus de 105 milliards pour couvrir l’aide budgétaire. La politique monétaire joue un rôle de soutien alors que l’économie tombait en panne avec la COVID-19.

Le choc a également fait chuter les prix du pétrole. Le prix de référence du Western Canadian Select a chuté d’environ 90 % depuis janvier en raison de la baisse de la demande et de la surabondance de l’offre internationale.

M. Poloz a déclaré que la banque centrale aurait probablement réduit son taux directeur en réponse à la seule baisse du prix du pétrole.

La Banque du Canada a procédé à trois baisses de taux-deux annonces imprévues-en mars pour ramener son taux cible au jour le jour de 1,75 % à 0,25 %, ce qui, selon Poloz, est aussi bas qu’il est possible.

« Sur la seule base de la baisse des prix des matières premières, je dirais que nous aurions réduit les taux d’intérêt d’au moins 100 points de base, comme ce que nous avons fait en 2015 », a-t-il déclaré lors de sa dernière comparution devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes avant de quitter son poste plus tard cette année.

« Peut-être que nous aurions fini par baisser par 150 points de base si [la chute des cours pétroliers] avait été le seul choc auquel nous étions confrontés. C’est un véritable choc pour l’économie. »

Mais ce n’est pas le cas.

M. Poloz a dit que le recul économique provoqué par la pandémie de COVID-19 ne ressemble à rien à ce que le pays a été confronté par le passé.

Environ six millions de personnes ont demandé une aide fédérale d’urgence depuis la mi-mars. Selon une estimation préliminaire de Statistique Canada, l’économie s’est contractée de 9 % le mois dernier, ce qui constituerait la pire baisse mensuelle jamais enregistrée.

Mercredi, la banque centrale a annoncé son intention de commencer à acheter des obligations provinciales et d’entreprises sur le marché secondaire afin de réduire le risque de blocage de ces marchés. Ces mesures doivent injecter jusqu’à 60 milliards dans l’économie et dureront, provisoirement, pendant un an.

La banque augmente également la quantité de bons du Trésor fédéral qu’elle est prête à acheter, au-delà d’un achat de 5 milliards par semaine, accordant en fait davantage de prêts à faible taux d’intérêt au gouvernement.