(New York) L’administration Trump et les compagnies aériennes américaines sont parvenues mardi à un accord de principe sur un plan de sauvetage destiné à éviter leur faillite et des cascades de licenciements dans un secteur qui emploie directement plus de 750 000 personnes aux États-Unis.

Cet accord intervient après des jours d’âpres négociations : American Airlines, Delta Air Lines, United Airlines et Southwest, soit les quatre grandes compagnies aériennes du pays, étaient arrivées méfiantes à la table de discussions, craignant des demandes draconiennes du gouvernement fédéral, dont une possible nationalisation.

Le plan historique de 2200 milliards de dollars de relance de l’économie, promulgué fin mars par le président Donald Trump, prévoit 25 milliards de dollars de subventions aux compagnies aériennes pour préserver les emplois.

« Nos compagnies aériennes sont maintenant en meilleure situation et elles vont se sortir de cette période très difficile dans laquelle elles ne sont pour rien », s’est félicité le président Donald Trump, lors de son point presse quotidien à la Maison-Blanche sur la crise sanitaire.

Les termes de l’accord n’ont pas été dévoilés par le Trésor, qui s’est contenté de déclarer : « Nous avons hâte de finaliser les arrangements nécessaires et de faire parvenir les fonds aussi vite que possible ».

D’après des sources proches du dossier, le ministère a informé les compagnies aériennes vendredi dernier qu’elles devaient rembourser à terme 30 % de l’argent qu’elles devraient recevoir.

Le gouvernement fédéral devrait aussi recevoir en échange de son aide des « warrants », qui sont des produits financiers pouvant être convertis en actions. Ces « warrants », dont le prix est généralement fixé à l’avance, devraient représenter 10 % de la valeur de l’aide que percevra chaque compagnie.

L’État devrait par conséquent devenir un actionnaire minoritaire de la dizaine de compagnies aériennes signataires.

Brader les « miles »

Le Trésor juge que l’accord « va permettre de soutenir les travailleurs américains et préserver toute l’importance stratégique de l’industrie aérienne tout en offrant une compensation appropriée aux contribuables ».

« Ce soutien financier était nécessaire pour préserver l’emploi des 60 000 employés au moins jusqu’au 30 septembre », a salué Gary Kelly, le PDG de Southwest.

Sa compagnie a obtenu une aide financière de 3,2 milliards de dollars, dont 2,3 milliards qui lui seront versés directement, tandis que le solde est un prêt à taux très bas devant être remboursé sur dix ans.

En échange, Southwest donne 26 millions de « warrants » à l’État sans dire ce que cela représente en termes de participation au capital.

L’entreprise s’est en outre engagée à ni licencier ni réduire la rémunération de ses salariés jusqu’au 30 septembre.

Des engagements pris également par les autres, dont Americain Airlines, qui va recevoir 5,8 milliards de dollars. Les compagnies promettent aussi de limiter les rémunérations des dirigeants jusqu’en mars 2022 et de ne pas verser de dividende ni racheter leurs propres actions jusqu’en septembre 2021.

La pandémie est la plus grave crise que traverse le transport aérien depuis les attentats du 11-Septembre. Elle a entraîné la suppression d’au moins 80 % des vols des compagnies américaines, des annulations massives des billets d’avion, des reports et annulations de commandes d’avions. Des liaisons atlantiques ont été suspendues.

L’Association internationale du transport aérien (Iata) a chiffré mardi à 314 milliards de dollars la baisse du chiffre d’affaires des compagnies aériennes en 2020, soit une chute de 55 % par rapport aux revenus de 2019.

L’accord trouvé avec le Trésor offre aux compagnies aériennes une bouffée d’oxygène, mais il en faudra davantage pour relancer l’activité.

Elles peuvent aussi prétendre à des prêts garantis à hauteur de 25 milliards de dollars mis à leur disposition par le gouvernement fédéral. American Airlines a annoncé mardi qu’elle sollicitera ces crédits.

Certaines compagnies songent par ailleurs à des solutions originales, comme brader à l’avance des « miles » aux banques dans le cadre des partenariats qui les lient. Pour attirer les consommateurs, les établissements financiers et les émetteurs de cartes de crédit bancaires proposent des cartes faisant gagner à leur propriétaire des « miles » à chaque achat effectué.