(New York) Les banques américaines JPMorgan Chase et Wells Fargo ont prévenu mardi s’attendre à une « sévère récession » de l’économie, avec un taux de chômage à 20 % au deuxième trimestre, due à la pandémie de COVID-19, qui devrait entraîner une flambée des impayés des particuliers et des entreprises.

Les résultats du premier trimestre des deux firmes, qui sont respectivement les première et quatrième banques américaines, ont confirmé les craintes des milieux d’affaires et des politiques : les ravages causés par le nouveau coronavirus sur l’économie sont colossaux.

Le bénéfice net de JPMorgan Chase, qui a dû fermer temporairement des centaines d’agences, a plongé de 69 % à 2,9 milliards de dollars, contre 9,2 milliards au premier trimestre 2019.

Wells Fargo a pour sa part vu son profit fondre à 653 millions de dollars, contre un gain de 5,85 milliards un an plus tôt.

Suspension des saisies

Cette détérioration de la rentabilité est due à l’épidémie, qui a mis à l’arrêt l’économie américaine depuis mi-mars, ont expliqué les deux banques.

« Étant donné qu’il est probable d’avoir une récession assez sévère, il était nécessaire de constituer des réserves liées (aux activités) de prêts », a expliqué Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan.

Les difficultés rencontrées par JPMorgan Chase et Wells Fargo sont un prélude à ce à quoi doivent s’attendre les marchés financiers lors de cette saison des résultats qui court jusqu’à mi-mai.

Les mesures de confinement prises par les autorités pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus ont conduit des milliers de commerces et d’entreprises à baisser le rideau et il n’est pas certain qu’un grand nombre rouvrent quand l’économie va repartir.

Les grandes entreprises, en quête de trésorerie, se sont précipitées pour avoir accès immédiatement aux lignes de crédit que leur avaient ouvert les banques pour éviter de faire faillite.

Quelque 16 millions d’Américains se sont inscrits au chômage fin mars et début avril. De nombreux ménages et PME ont du mal à payer leurs factures, leurs crédits à la consommation et à honorer leurs mensualités.

Wells Fargo a suspendu les saisies des maisons des clients ne pouvant rembourser leur crédit immobilier et reporté les mensualités sur plusieurs crédits à la consommation, tandis que JPMorgan Chase a étalé les remboursements des prêts auto.

Malgré toutes ces mesures, JPMorgan Chase a mis de côté au total 8,3 milliards de dollars, un plus haut depuis la crise financière de 2008, pour couvrir les futurs défauts de paiements de ses débiteurs. Ces réserves sont en hausse de 6,8 milliards de plus en un an.

Les réserves de Wells Fargo ont augmenté de 3,2 milliards de dollars sur un an, à 4 milliards.

« Si la confiance continue de se détériorer et les mesures de confinement devaient perdurer, il ne serait pas surprenant que l’estimation des pertes (liées aux crédits) soit révisée à la hausse », a averti Charlie Scharf, le patron de Wells Fargo, lors d’une conférence avec des analystes.

Réouverture en juin ?

Le directeur financier John Shrewsberry a souligné que le redressement de l’économie allait être « long », même si Jamie Dimon a dit espérer une reprise de l’activité.

« Ça ne sera pas en mai, mais on peut dire juin, juillet, août, quelque chose de ce type », a déclaré M. Dimon.

Les sociétés énergétiques, celles opérant dans la distribution, le transport et les entreprises de divertissement sont parmi les plus menacées, d’après Wells Fargo et JPMorgan Chase.

Les deux banques devraient continuer à renforcer leurs réserves, d’autant qu’il est leur est difficile de mesurer l’efficacité du plan historique de 2200 milliards de dollars promulgué fin mars par le président Donald Trump pour soigner l’économie.

Ce plan prévoit un chèque de 1200 dollars à chaque Américain et des aides pour les entreprises, sous la forme de prêts garantis et de subventions pour préserver les emplois.

« Il est pour l’instant très difficile d’estimer l’impact de ce stimulus extraordinaire », a déclaré Jennifer Piepszak, la directrice financière de JPMorgan Chase, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

Elle a ajouté que la banque anticipait un bond du taux de chômage à 20 % au deuxième trimestre, mais un repli au quatrième trimestre.

Par conséquent, JPMorgan Chase n’espère plus que des gains annuels de 55,5 milliards de dollars générés par les activités liées aux taux d’intérêt contre une prévision d’au moins 57 milliards fin février.

À l’inverse, porté par la forte volatilité ayant secoué les marchés financiers depuis le début de l’année, le courtage est rentable.

Les recettes générées par le courtage des matières premières, obligations et devises (Fixed Income) ont ainsi bondi de 34 % chez JPMorgan Chase.