Frappée par les mesures de lutte contre la pandémie et le krach du prix du pétrole, l’économie canadienne se dirige désormais vers sa pire année en 60 ans en termes de choc sur le PIB national, anticipent les économistes de la Banque Nationale dans leur analyse mensuelle de conjoncture, publiée mardi.

« Compte tenu des fermetures ordonnées par les gouvernements, notre analyse laisse entrevoir une forte baisse du PIB au premier trimestre (terminé le 31 mars), suivie d’une baisse encore plus forte de plus de 30 % au deuxième trimestre avant un rebond important durant le deuxième semestre de l’année », prévoient les économistes de la Nationale.

« Dans ce scénario, la contraction du PIB de l’économie canadienne pour toute l’année 2020 pourrait atteindre 4,8 %, ce qui constituerait la plus forte chute annuelle enregistrée depuis 1961. »

Au Québec, ce recul du PIB en 2020 pourrait s’avérer plus prononcé, de l’ordre de moins 5,2 %, selon les économistes de la Nationale. Il s’agirait d’ailleurs d’un revirement de conjoncture d’une rare vélocité par rapport à la croissance moyenne de 2,6 % mesurée durant les trois dernières années.

Parmi les principales composantes du PIB canadien, les économistes de la Nationale anticipent pour tout 2020 une contraction marquée de l’ordre de 29 % des investissements des entreprises, ainsi qu’une baisse significative de 20 % de la construction résidentielle et un recul important de 7 % des exportations.

Aussi, le taux de chômage annualisé en 2020 est désormais prévu en hausse de trois points de pourcentage aux environs de 8,3 %, comparativement à 5,7 % mesuré en 2019.

Au Québec, le taux de chômage est aussi prévu en hausse significative aux environs de 7,7 % pour l’année 2020, comparativement au taux historiquement bas de 5,1 % atteint l’an dernier.

En contrepartie positive, les économistes de la Nationale anticipent pour l’année prochaine, en 2021, un redressement de la croissance du PIB de l’économie canadienne aux environs de 4 %, en chiffre annualisé.

Au Québec, ce redressement de croissance du PIB pourrait même être un peu plus vigoureux, de l’ordre de 4,5 %.

N’empêche, ce redressement économique anticipé pour le début de 2021 s’annonce encore insuffisant pour récupérer tout le niveau d’activités et de revenus de l’économie canadienne qui prévalait avant la soudaine et grave récession de pandémie.

« L’aide financière annoncée par le gouvernement fédéral et par la Banque du Canada amortira le coup (de la crise de pandémie), mais n’empêchera pas une contraction massive du PIB à court terme », avertissent les économistes de la Banque Nationale.

La récession de pandémie en chiffres :

(prévisions de l’année 2020 des économistes de la Banque Nationale) 

PIB réel de l’économie canadienne : -4,8 %

PIB réel de l’économie québécoise : -5,2 %

Taux de chômage au Canada : + 2,6 points à 8,3 %

Taux de chômage au Québec : + 2,6 points à 7,7 %

Construction résidentielle au Canada : -20,7 %

Investissements des entreprises au Canada : -29,6 %

Exportations du Canada : -7,2 %

Demande intérieure au Canada : -5,6 %

Bénéfice avant impôts des entreprises au Canada : -22,3 %