(Paris) Les marchés mondiaux sont restés de marbre devant les annonces spectaculaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) lundi, toujours pris de panique face à la pandémie de coronavirus qui continue à s’étendre.

Après des reculs en série en Asie, Tokyo faisant toutefois exception grâce à l’affaiblissement du yen et au décollage de SoftBank Group, l’Europe a mis le cap au rouge aussi, terminant sur des niveaux très bas.

Paris a fini sur une chute de 3,32 %, Francfort de 2,23 % et Londres de 3,79 %. Milan s’est replié de 1,09 % et Madrid de 3,31 %.

Le marché de la dette a pour sa part terminé sur une très légère détente.

La pression s’était pourtant allégée à la mi-journée, quand la Réserve fédérale américaine a présenté une série de mesures permettant à de nombreuses entreprises d’accéder à de l’argent frais pour survivre aux « graves bouleversements » économiques provoqués par le nouveau coronavirus.

« Le marché voit ce que font les États, il voit les mesures budgétaires tout comme les mesures monétaires de la part des banques centrales, mais pour l’instant il a toujours du mal à mettre un prix sur le risque final, c’est-à-dire combien l’épidémie de coronavirus va coûter à l’économie mondiale », a analysé auprès de l’AFP Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

« Pour qu’il puisse préciser le prix du risque, il faut qu’il ait un peu plus de visibilité sur l’évolution du virus », a-t-il poursuivi.

La Fed a rappelé qu’elle ferait tout pour aider les marchés à continuer à fonctionner, et lancé un nouveau programme de 300 milliards de dollars d’aides pour « soutenir le flux de crédit aux employeurs, aux consommateurs et aux entreprises ».

Elle a aussi promis de mettre « bientôt en place un programme de prêts aux petites et moyennes entreprises » qui constituent l’essentiel du tissu économique américain.

Wall Street ne réagissait pas non plus à ces annonces. Vers 12 h 45, le Dow Jones baissait de 2,43 %, le S&P 500 de 2,24 %. Le NASDAQ en revanche s’en sortait un peu mieux : +0,15 %.

« Ces baisses rapides et sans précédent illustrent à quelle vitesse nous sommes passés d’une légère crainte sur la santé publique à une récession mondiale », commente Stephen Innes, analyste pour AxiCorps.

« Un des pires semestres »

Les cas de contamination ont flambé dimanche en Europe, en particulier en Italie où la situation tourne à la tragédie, et aux États-Unis où l’inquiétude monte avec des hôpitaux qui risquent d’être rapidement débordés.

Les mesures de confinement, qui pourraient être durcies ce lundi en France, se sont en outre étendues à la Grèce, à l’État américain de New York et à la Nouvelle-Zélande, dont la Banque centrale a par ailleurs annoncé un plan d’achat d’obligations.

Les investisseurs ont en outre dû composer avec les avertissements sur résultats d’entreprises ou des annonces de mesures d’économies drastiques, comme à Paris avec TF1, Saint-Gobain, Airbus, Vinci, Total, Kering.

« Il y aura d’autres avertissements sur résultats qui vont arriver dans les jours ou semaines à venir. Le premier semestre va être un des pires semestres de l’histoire économique du XXIe siècle », a prévenu Alexandre Baradez.

L’accès au crédit sur le marché de la dette pour les entreprises les plus vulnérables est en particulier très surveillé.

« Toute estimation chiffrée reste un exercice à la précision hautement aléatoire à ce stade » et « certaines statistiques économiques attendues dès cette semaine, comme les inscriptions hebdomadaires au chômage (jeudi aux États-Unis), pourraient illustrer de manière concrète l’impact énorme de l’épidémie », a noté Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

Côté changes, vers 13 h, l’euro gagnait 0,59 % face au billet vert, à 1,0752 dollar, après être tombé en début d’échanges à 1,0636 dollar, un niveau plus vu depuis avril 2017.

Les cours du pétrole ont navigué dans le rouge la plus grande partie de la journée. Le baril de WTI, référence américaine perdait 0,31 % à 13 h 10, tandis que le Brent lâchait 2,74 %.