(Toronto) L’économie canadienne devrait entrer en récession, plus tard cette année, victime de l’impact de la pandémie de COVID-19 et de la chute des prix du pétrole, ont prévenu vendredi des économistes.

La Banque Royale prévoit que l’économie va croître à un rythme annualisé de 0,8 % au premier trimestre, puis se contracter aux deuxième et troisième trimestres de l’année.

La Royale mise sur une baisse annualisée de 2,5 % au deuxième trimestre et de 0,8 % au troisième trimestre. Deux trimestres consécutifs de croissance négative sont considérés comme une récession.

« La réponse politique des gouvernements sera la clé pour les perspectives à court terme et la cadence de la reprise », a indiqué la Royale dans son rapport.

« Le plan du gouvernement fédéral de fournir des mesures de soutien pour atténuer l’impact du virus comprenait une augmentation des transferts de soins de santé et une augmentation de l’assurance emploi, bien que les deux augmentations de programme aient été relativement limitées. »

La Banque du Canada a abaissé vendredi après-midi son taux d’intérêt directeur d’un demi-point de pourcentage à 0,75 %, en plus de sa baisse d’un demi-point de pourcentage de la semaine dernière.

Lors de son annonce non prévue, le gouverneur Stephen Poloz a affirmé qu’il était clair que la propagation du nouveau coronavirus aurait de graves conséquences sur les familles canadiennes et l’économie.

« De plus, la diminution des prix du pétrole, même depuis notre dernière décision du 4 mars, pèsera grandement sur l’économie, en particulier dans les régions où le secteur de l’énergie est fortement présent », a déclaré M. Poloz.

« Conjuguée aux autres mesures annoncées aujourd’hui, la baisse des taux d’intérêt aidera à soutenir la confiance des entreprises et des ménages. Par exemple, les coûts d’emprunt seront plus bas pour les nouveaux achats et pour les prêts hypothécaires à taux variables et les renouvellements de prêts hypothécaires. »

La Banque CIBC a fait écho aux commentaires de la Royale dans son propre rapport, faisant valoir, elle aussi, que le Canada est probablement au bord d’une récession.

« Nous prévoyons une baisse de la production aux deuxième et troisième trimestres aux États-Unis et au Canada », a indiqué la CIBC dans son rapport.

La CIBC prévoit que l’économie se contractera à un taux annuel de 3,0 % au deuxième trimestre et de 3,4 % au troisième trimestre, avant de rebondir et de reprendre la croissance pendant les trois derniers mois de l’année.

La banque a estimé que les mesures de relance fiscale et monétaire amortiraient la baisse.

« Mais les Canadiens ne vont pas vraiment sortir magasiner et la confiance des entreprises ne reviendra pas en force, tant que le virus ne sera pas sous contrôle ou que nous aurons un meilleur traitement ou un vaccin », a ajouté la CIBC.

« Donc, notre hypothèse voulant que la croissance va reprendre au quatrième trimestre n’est que cela, une hypothèse, qui s’appuie sur d’éventuels progrès sur certains de ces fronts ici et sur les marchés d’exportation à l’étranger. »

Les gouvernements déconseillent les voyages internationaux et le Québec a annoncé la fermeture de ses écoles pour deux semaines en raison de la COVID-19. En Ontario, les écoles seront fermées pendant un total de trois semaines, puisqu’une d’elles est la semaine de relâche régulière.

Les entreprises ont également décidé de contribuer au ralentissement de la propagation du virus en exhortant les employés à travailler à domicile, dans la mesure du possible, et à limiter les déplacements.

La cérémonie des prix Juno de l’industrie de la musique, prévue pour ce week-end à Saskatoon, a été annulée, tandis que la Ligue nationale de hockey et la National Basketball Association ont suspendu leurs saisons. Le baseball majeur a mis fin à l’entraînement printanier en Floride et a repoussé le début de sa saison.

Les prévisions de la Royale s’appuient sur l’hypothèse que l’impact du virus suivra son cours d’ici la fin du premier semestre de l’année, mais qu’une reprise économique sera limitée en raison de la faiblesse persistante des prix du pétrole.

Le prix du pétrole a chuté cette semaine, après que l’Arabie saoudite a lancé une guerre des prix avec la Russie qui a rejeté les réductions de production souhaitées par le royaume.

En réponse, les Saoudiens ont décidé d’augmenter la production, espérant ainsi rendre plus difficile pour les autres pays producteurs de pétrole de continuer sans réduire leur production.

La Banque du Canada a décidé jeudi d’élargir son programme de rachat d’obligations et de ses opérations de pension à plus d’un jour pour soutenir de manière proactive le financement interbancaire.

La banque centrale a indiqué qu’elle restait déterminée à fournir les liquidités nécessaires pour soutenir le fonctionnement du système financier canadien.

En réduisant les taux la semaine dernière, M. Poloz a affirmé que la banque centrale voulait réduire les taux « de manière décisive » pour fournir un coussin à l’économie canadienne contre les effets de l’épidémie de COVID-19.

Il a déclaré que les effets immédiats du virus sur les investissements des entreprises et les dépenses de consommation signifiaient que les risques à la baisse pesant sur l’économie l’emportaient aujourd’hui sur les craintes persistantes que la baisse des taux attise les vulnérabilités financières au Canada, telles que l’endettement élevé des ménages.