(Ottawa) Une évaluation par le gouvernement fédéral du nouvel accord de libre-échange nord-américain soutient qu’il entraînera des gains de 6,8 milliards au produit intérieur brut (PIB) du Canada d’ici 2025 par rapport à un scénario qui aurait vu les États-Unis déchirer l’ancien ALENA et imposer des tarifs sur les exportations canadiennes d’acier, d’aluminium et d’automobiles.

Cette évaluation longuement attendue, présentée mercredi par les libéraux, affirme que le nouvel Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) place l’économie canadienne dans une bien meilleure position que si les États-Unis avaient tourné le dos à l’ancien ALENA et imposé des tarifs douaniers.

Toutefois, un rapport publié la semaine dernière par l’Institut C. D. Howe, un groupe de réflexion, soutient que le PIB réel avec l’ACEUM sera plus bas pour les trois pays par rapport à un scénario où les conditions de l’ancien ALENA seraient restées en vigueur.

Les négociations sur le libre-échange continental ont été imposées au Canada et au Mexique par le président américain Donald Trump, qui menaçait de déchirer l’ALENA s’il n’y avait pas des discussions pour des conditions plus favorables pour les États-Unis.

Les États-Unis et le Mexique ont tous deux ratifié le nouvel accord, tandis que le Parlement canadien poursuit ses travaux en ce sens.

Gains modestes, mais impact politique important

Les gains anticipés sont très modestes, équivalant en fait à 0,25 % du produit intérieur brut.

Cependant, un expert du commerce dit croire que l’attention mise sur les bénéfices économiques de l’accord éclipse un aspect politique important.

« Ce que les évaluations économétriques ne montrent pas, c’est la valeur géopolitique importante pour le Canada d’un solide cadre fondé sur des règles pour traiter avec les États-Unis dans les années à venir », a déclaré Lawrence Herman, avocat spécialisé en commerce international à Toronto.

Tout au long des négociations, le gouvernement libéral s’est attardé non seulement à protéger l’accès du Canada aux marchés des États-Unis, mais aussi à protéger l’ordre commercial mondial menacé par le protectionnisme de Donald Trump.

« Il y a beaucoup plus dans cet accord que les modèles économiques purs le suggèrent. Les évaluations de la boîte noire vont peut-être révéler des chiffres qui ne semblent pas stratosphériques et ne font pas les manchettes, mais il y a des gains politiques et stratégiques importants pour le Canada dans cet accord. Ceux-ci ne peuvent pas être mesurés en termes purement économiques », a soutenu M. Herman.