(Montréal) Hydro-Québec se prépare à se lancer en campagne référendaire dans l’État du Maine afin d’y surmonter l’opposition à son projet de ligne de transport pour exporter l’électricité québécoise en Nouvelle-Angleterre.

Les opposants ont déposé au bureau du secrétaire d’État du Maine, à Augusta, en début de semaine une pétition comptant 75 000 signatures de personnes réclamant un référendum, alors qu’il en fallait au moins 63 000 pour enclencher un tel processus.

Le président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, n’est toutefois pas surpris. Interrogé jeudi à Montréal en marge d’une annonce de partenariat, M. Martel a rappelé qu’il a « toujours dit que d’aller chercher tous les permis aux États-Unis ne serait pas une tâche mince ».

Les démarches en vue d’obtenir lesdits permis suivent d’ailleurs leur cours normal, les autorités réglementaires américaines n’étant pas opposées au projet a priori.

Retirer 750 000 voitures

Éric Martel reconnaît cependant qu’il risque de devoir séduire la population.

« Je présume qu’on va avoir à faire une campagne l’an prochain avec notre partenaire pour justement convaincre les gens des bénéfices du projet », a-t-il déclaré, ajoutant que, selon lui, « le projet n’est pas bien compris encore ».

« On va être sur le terrain, on va expliquer nos projets. Il y aura une campagne dans les journaux, à la télé et aussi dans les différents comtés pour être capables de bien expliquer les bénéfices du projet » qui se traduira, selon M. Martel, par « l’équivalent d’enlever 750 000 voitures de la circulation le matin où on branche l’électricité propre du Québec ».

Scrutin incertain, opposition musclée

Éric Martel précise au passage qu’il n’est pas acquis que le référendum aura bel et bien lieu en novembre.

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Éric Martel

« Ce n’est pas encore sûr qu’ils auront suffisamment de signatures parce que, quand vous regardez des référendums passés, il y a souvent un 10 000, 15 000 signatures qui tombent, qui sont déclarées non valides », a-t-il invoqué.

Pas de risque à prendre pour autant ; Hydro-Québec et ses partenaires se préparent à faire campagne, car au-delà des citoyens, l’opposition est soutenue par des intérêts financiers musclés.

« Avec la quantité d’énergie que nous allons mettre à leur disposition, ça va déplacer des énergies fossiles et, évidemment, il y a le lobbyisme de toute cette industrie des énergies fossiles qui s’organise et ils sont derrière ce qui se passe présentement, mais on s’attendait à ça, on l’avait anticipé.

Les gens du Maine sont tenus en otage présentement par certaines industries fossiles », a-t-il poursuivi, reconnaissant qu’Hydro « arrive avec un projet tellement costaud qui dérange évidemment cette industrie-là, qui est là depuis des années ». L’ajout d’une importante quantité d’énergie propre créera certainement un surplus important de l’offre qui jouera sans aucun doute, selon lui, contre les énergies plus polluantes présentement utilisées sur le territoire de la Nouvelle-Angleterre.

Éric Martel insiste pour dire que cela n’impose pour l’instant aucun retard sur l’échéancier et que l’on prévoit toujours amorcer la construction de la ligne de transport cette année en vue d’un raccordement du Massachusetts et de la Nouvelle-Angleterre au réseau québécois en décembre 2022.

La ligne de transport doit acheminer 9,45 térawattheures d’hydroélectricité par année pendant 20 ans au Massachusetts dans le cadre d’un contrat dont les revenus sont estimés à environ 10 milliards US.