Le milieu des affaires ne manque pas d’idées pour faire rayonner Montréal à l’international : agrandissement du Palais des congrès, implantation du port à Contrecœur, aboutissement du train à grande fréquence, déploiement rapide de la 5G et présence accrue de nos PME aux foires internationales.

Ces idées sont exposées dans une étude réalisée conjointement par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et Montréal International (MI).

Cette étude fait suite au travail de la firme McKinsey réalisé en 2018 qui mesurait l’intensité des relations entre Montréal et le reste du monde. Montréal pointait au 7e rang sur 25 villes nord-américaines, derrière Vancouver et Toronto, mais devant New York, aussi surprenant que cela puisse paraître.

McKinsey se servait d’un indice de connectivité pour établir son classement. L’intérêt d’une telle unité de mesure réside dans le fait que l’internationalisation d’une ville contribue à sa richesse et à celle de ses habitants. L’indice mesure en fait les flux de biens, de personnes, de capitaux et de données.

La nouvelle étude sera présentée publiquement ce vendredi à la seconde édition du Forum stratégique intitulé Les échanges internationaux au cœur de la croissance économique.

Cette fois-ci, le monde des affaires veut interpeller le pouvoir politique sur les gestes à faire pour projeter Montréal sur le devant de la scène. Les recommandations s’inspirent des bonnes pratiques d’affaires mises en place dans des villes de taille et de caractéristiques comparables à celles de Montréal, tels Berlin, Vienne et Amsterdam.

On voit que dans les infrastructures liées au commerce des biens, les villes portuaires mettent les bouchées doubles pour que leurs installations portuaires soient le plus modernes possible, soient bien connectées dans tout le réseau logistique, soient le plus possible numérisées et le plus possible à l’avant-garde des changements technologiques.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM

Pour Montréal, cela veut dire que l’agrandissement du port à Contrecœur est névralgique, tout comme l’amélioration de la productivité du port à ses installations actuelles. « L’étude vient renforcer toutes les représentations qu’on fait auprès du gouvernement fédéral et auprès des partenaires », ajoute M. Leblanc.

Augmenter la productivité défaillante

Toujours au chapitre du transport des biens, l’étude souligne l’importance d’augmenter la productivité défaillante de nos entreprises, ce qui passe notamment, selon les auteurs, par le maintien en place des crédits d’impôt sur les salaires dans des secteurs comme le jeu vidéo et les TI.

« Les incitatifs ont joué leur rôle, souligne M. Leblanc. Partout où on s’est mis à réduire les incitatifs, la situation s’est détériorée. Dans un environnement concurrentiel, où d’autres régions proposent des incitatifs, les réduire unilatéralement revient à se tirer une balle dans le pied », fait valoir le président de la Chambre. Cette prise de position va à l’encontre de l’avis des acteurs économiques qui remettent publiquement leur pertinence en question en raison de la pénurie de main-d’œuvre.

De son côté, Stéphane Paquet, nouveau PDG de Montréal International, souligne que l’étude définit les points forts de la ville tout comme les domaines où elle doit s’améliorer. « Si vous dites Montréal à Séoul ou à Seattle, souvent l’image est assez floue », dit M. Paquet. Il croit que Montréal doit se doter d’une image de marque à l’international, comme l’ont fait par exemple Lyon (Only Lyon) et Berlin (Be Berlin).

Le dernier exercice du genre avait tourné court. En 2008, la Communauté métropolitaine de Montréal avait accouché du slogan peu inspirant « Le Grand Montréal – L’espace pour se réaliser ». « En 2020, personnellement, je pense qu’on est rendu à doter Montréal d’une image de marque forte », avance M. Paquet.

Principales recommandations de l’étude

– Qu’Investissement Québec International (IQI) accompagne individuellement les Bombardier, CAE et autres grandes entreprises québécoises dans leurs efforts pour hausser les exportations (habituellement, les efforts se concentrent auprès des PME).

– Qu’IQI rembourse un fort pourcentage des dépenses des entreprises qui participent à des foires commerciales à l’étranger (lieux de prédilection pour détecter les avancées technologiques).

– Que l’on appuie le développement d’Aéroports de Montréal.

– Que l’on assure la réalisation rapide du projet de train à grande fréquence entre Québec et Windsor.

– Que le gouvernement du Québec finance l’agrandissement du Palais des congrès à hauteur de 350 millions (afin de permettre à Montréal de tenir annuellement le « Bourget » de l’intelligence artificielle).

– Que le gouvernement réduise le délai de traitement des permis de travail des travailleurs étrangers.

– Que Québec lance une campagne positive soulignant l’importance de l’ouverture à l’immigration pour l’avenir de la province.

– Que le fédéral ouvre grand les frontières aux étudiants étrangers francophones. (La croissance des inscriptions d’étudiants étrangers au Québec, quoique positive, reste inférieure à celle observée à Vancouver, à Toronto et ailleurs au Canada.)

– Que l’on remonte à 60 000 personnes le seuil annuel d’immigration, en augmentant progressivement la part de l’immigration économique en provenance de l’immigration à statut temporaire (comme étudiant étranger, par exemple).

– Que l’on déploie rapidement un réseau 5G.

Source : La connectivité internationale au cœur de la croissance du Grand Montréal – Que retenir des métropoles les plus concurrentielles en matière d’exportation, d’innovation et d’attraction d’investissements et de talents ?, janvier 2020