Il y a plusieurs raisons de s’inquiéter de ce qui se passe actuellement aux États-Unis. La dépopulation n’en faisait pas partie. Jusqu’à maintenant.

Mais en 2019, la croissance de la population américaine a été la plus faible en 100 ans, selon les données récentes du US Census Bureau.

La population continue d’augmenter, mais de moins en moins vite. La hausse a été de 0,48 % de 2018 à 2019, la plus faible depuis la Première Guerre mondiale.

La croissance de la population des États-Unis diminue chaque année depuis 2015. Ça s’explique par plusieurs facteurs. Des facteurs démographiques surtout : il y a moins de naissances et plus de mortalité, en raison du vieillissement de la population. L’an dernier, il y a eu 957 000 naissances de plus que de décès. C’est la première fois en 40 ans que l’accroissement naturel de la population est aussi faible, soit sous la barre du million.

L’apport de l’autre source d’accroissement de la population, l’immigration, est de moins en moins important. Cette contribution est au plus bas en 10 ans.

De 2018 à 2019, l’immigration nette a fait augmenter la population de 595 000, soit moitié moins qu’en 2016.

Les politiques en matière d’immigration de l’administration de Donald Trump ne font rien pour renverser cette tendance. Encore la semaine dernière, le président a annoncé son intention d’interdire l’accès au territoire américain aux femmes enceintes étrangères qui risquent d’accoucher aux États-Unis, ce qui donne automatiquement la citoyenneté américaine à l’enfant.

Il n’y a pas seulement les barrières qui s’accumulent pour décourager l’immigration. Le rêve américain n’a peut-être plus autant de résonance qu’avant, avec la violence, les tensions raciales et les inégalités entre les riches et les pauvres. Le pays n’est plus l’eldorado qu’il a déjà été aux yeux du reste du monde, à part peut-être pour les pays les plus pauvres de la Terre.

Le monde en chiffres

États-Unis : 328 millions d’habitants
Chine : 1,4 milliard d’habitants
Inde : 1,3 milliard d’habitants
Planète : 7,8 milliards d’habitants

Une bonne nouvelle ?

La réduction de la croissance de la population, aux États-Unis ou ailleurs, peut être considérée comme une bonne nouvelle du point de vue de ceux qui croient que la surpopulation mène la planète à sa perte.

Vu d’un autre angle, et à l’échelle d’un pays en particulier, ce n’est pas une bonne nouvelle. La démographie est le moteur principal de la croissance économique. Plus de population veut dire plus de travailleurs et plus de besoins à satisfaire en termes d’infrastructure, de logement et de biens de consommation. À l’inverse, une population déclinante freine la croissance économique, comme l’expérimente le Japon depuis plus d’une décennie.

C’est la raison pour laquelle les pays les plus peuplés, comme la Chine et l’Inde, sont sur le point de déclasser les États-Unis au titre de première économie mondiale.

Des économistes américains s’inquiètent déjà de la croissance économique plus faible à prévoir en raison des tendances démographiques.

Le Canada et le Québec pourraient aussi en ressentir l’impact. Les États américains du nord sont ceux dont la population croît le plus lentement. Et certains de nos voisins, le long de la frontière, voient déjà leur population diminuer.

Les États de New York, de l’Illinois et du Vermont ont vu leur population totale diminuer entre 2018 et 2019, selon le US Census Bureau. Grâce à l’immigration, la population du Maine et du New Hamsphire a augmenté légèrement, mais le nombre de décès a été supérieur au nombre de naissances dans ces deux États.