(Ottawa) La Banque du Canada a maintenu mercredi son taux d’intérêt directeur à 1,75 % et a indiqué s’attendre à une croissance plus lente que prévu pour l’économie canadienne au début de 2020.

Dans ses dernières prévisions, la banque centrale a prédit que l’économie canadienne connaîtrait une croissance de 1,6 % cette année, ce qui représente une baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport à sa projection d’octobre.

Bien qu’une partie du ralentissement de la fin de l’année dernière soit attribuable à une grève à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et à une panne du pipeline Keystone, la Banque du Canada a noté que les plus faibles données pourraient également signaler que l’incertitude mondiale affecte le Canada davantage que prévu.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a affirmé que les indicateurs de l’économie canadienne étaient décidément mitigés.

« Les délibérations du Conseil de direction ont porté en grande partie sur la persistance possible de ce récent ralentissement de l’économie canadienne », a-t-il affirmé dans le texte d’une déclaration préliminaire qui précédait une conférence de presse.

M. Poloz a noté que les ventes de véhicules, les ventes au détail en général, la confiance des consommateurs et la croissance de l’emploi avaient toutes ralenti à la fin de l’année dernière, mais il a souligné que les dépenses d’investissement du troisième trimestre avaient été étonnamment vigoureuses.

La Banque du Canada prévoit une reprise de la croissance à environ 1,3 % au premier trimestre et une progression à environ 2,0 % par la suite.

En expliquant sa décision sur le taux directeur, M. Poloz a indiqué que la banque a évalué le risque que l’inflation soit inférieure à l’objectif par rapport au risque qu’une baisse des taux d’intérêt entraîne une vulnérabilité financière accrue.

« Le Conseil de direction surveillera la situation de près afin de voir si le récent ralentissement de la croissance est plus persistant que prévu. Dans son évaluation des nouvelles données, la Banque prêtera une attention particulière à l’évolution des dépenses de consommation, du marché du logement et des investissements des entreprises », a affirmé M. Poloz.

Le portait peint par la banque dans son rapport contrastait fortement avec son dernier regard sur l’économie, alors qu’un certain degré de résilience intérieure persistait malgré la faiblesse de certaines données à l’extérieur des frontières du Canada.

Il y a une « incertitude considérable » sur la durée de la période pendant laquelle les dépenses des ménages peuvent rester modérées, selon le rapport. Ceux-ci devraient être plus prudents dans leurs décisions de dépenses et épargner davantage face à des niveaux d’endettement élevés, poursuit le rapport, malgré une baisse d’impôt fédéral en vigueur depuis le 1er janvier et la croissance des salaires.

La banque a laissé entendre que la faiblesse du secteur manufacturier et un resserrement des cordons des bourses provinciales pourraient avoir un effet modérateur sur l’économie.

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a jugé l’attitude de la banque étonnamment peu combative, puisqu’elle avait semblé globalement optimiste dans ses perspectives économiques ces dernières semaines.

« Bien que nous puissions tous débattre du bien-fondé de ce point de vue, il est incontestable que la banque a une préférence pour un assouplissement, et de nouvelles déceptions importantes sur les emplois et/ou les dépenses pourraient les inciter à agir en fonction de cette préférence », a écrit M. Porter dans un rapport.

Cependant, l’économiste a indiqué croire que la croissance rebondirait davantage que ne le prévoit la banque centrale.

La Banque du Canada a indiqué que la ratification du nouvel accord de libre-échange nord-américain — une priorité absolue pour les libéraux de Justin Trudeau maintenant que les États-Unis et le Mexique ont terminé leurs processus — et une détente commerciale partielle entre les États-Unis et la Chine devraient aider à attiser les incendies économiques au Canada.

La banque centrale vise une croissance de 2,0 % pour 2021, comparativement à 1,8 % dans ses prévisions d’octobre.

Les perspectives économiques pourraient changer si l’administration Trump donnait suite aux menaces d’imposer des tarifs contre la France, le Brésil et l’Argentine.

Le rapport identifie également comme un risque les tensions persistantes entre les États-Unis et l’Iran, qui ont culminé avec la destruction d’un avion civil ukrainien qui transportait notamment des Canadiens. Une escalade pourrait bouleverser le Moyen-Orient et probablement faire grimper les prix du pétrole, entraînant une hausse des prix de l’essence à travers le pays.