(Ottawa) La confiance des entreprises au Canada a légèrement augmenté à mesure que les tensions commerciales mondiales se sont apaisées, mais les Prairies, durement touchées par la baisse des prix de l’énergie, demeurent un point faible, selon la dernière enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada.

L’enquête, qui s’appuie sur des entretiens avec la haute direction d’une centaine d’entreprises, révèle qu’en dehors des régions productrices d’énergie, les témoignages d’amélioration des indicateurs des ventes futures sont nombreux.

PHOTO KATIE SCHUBAUER, AGENCE FRANCE-PRESSE

En dehors des régions productrices d’énergie, les indicateurs économiques indiquent une amélioration des ventes. Ci-haut, un puit de pétrole en Saskatchewan.

La demande étrangère, en particulier celle des États-Unis, continue de stimuler les exportations et les attentes de croissance économique aux États-Unis se sont améliorées à mesure que les tensions commerciales ont diminué, indique la banque centrale.

« De plus, comme l’inquiétude suscitée par les tensions commerciales se dissipe quelque peu, les attentes à l’égard de la croissance économique américaine sont légèrement plus optimistes », a indiqué la banque centrale dans un rapport.

« Beaucoup d’entreprises prévoient de tirer profit directement ou indirectement de la demande américaine, notamment dans les secteurs de la construction et du tourisme. Cependant, certaines ont déclaré que leurs perspectives étaient assombries par le protectionnisme et d’autres politiques américaines qui favorisent leurs concurrents américains. »

PHOTO SUSAN WALSH, ASSOCIATED PRESS

Certains dirigeants d'entreprises canadiennes craignent la montée du protectionnisme aux États-Unis. Ci-haut, le président Donald s'adressant aux médias avant de quitter la Maison-Blanche pour aller assister à un match de football collégial, le 13 janvier.

L’enquête sur les perspectives des entreprises suggère également que les pénuries de main-d’œuvre sont un obstacle majeur à la satisfaction d’une augmentation inattendue de la demande, sauf dans les Prairies.

« Les entreprises des Prairies, dont beaucoup mentionnent la faiblesse de la demande et une main-d’œuvre facile à trouver, font cependant encore état de pressions limitées sur leur capacité de production », indique le rapport.

L’enquête a suggéré que le solde des opinions des entreprises au sujet des investissements dans les machines et le matériel avait légèrement diminué. Il laisse tout de même croire que les entreprises envisagent d’augmenter leurs dépenses en immobilisations au cours des 12 prochains mois.

« Bon nombre de répondants déclarent qu’ils misent sur l’augmentation de l’efficacité, beaucoup citant des investissements en technologie », a expliqué le rapport.

« Si les entreprises sont moins nombreuses qu’à la dernière enquête à planifier d’accroître leurs investissements, c’est parce qu’une plus grande part que d’habitude dit avoir achevé des projets d’investissement d’envergure l’an dernier. »

« Rapport ennuyeux »

L’économiste principal de la Banque TD, Brian DePratto, a qualifié le document de « nouveau rapport ennuyeux ».

« Les entreprises canadiennes restent prudemment optimistes, avec de solides intentions d’embauche qui contrebalancent des perspectives d’investissement relativement moroses », a écrit M. DePratto dans un commentaire.

« Il convient de noter de nouveau que l’élément régional de cette enquête est important, et que, sous les données privilégiées dans les manchettes, l’environnement opérationnel est toujours difficile pour les entreprises des Prairies. »

Les données du rapport ont été accidentellement rendues visibles sur le site web de la Banque du Canada neuf minutes avant la publication officielle du rapport complet, à 10 h 30.

La Banque du Canada a expliqué qu’il s’agissait d’une erreur dans le processus de publication des données et a entamé un examen pour s’assurer que les données et le rapport ne soient publiés qu’au moment désigné.

Inquiétudes au sujet du réchauffement planétaire

Dans une question spéciale de son Enquête sur les perspectives des entreprises, la banque centrale a interrogé les entreprises sur les changements climatiques.

Selon la banque, plus de la moitié des répondants concernés ont noté des impacts négatifs du changement climatique, y compris les conséquences des conditions météorologiques extrêmes et l’augmentation des coûts liés au respect des politiques et de la réglementation liées au climat.

Le tiers des entreprises concernées ont noté des effets positifs, notamment de nouvelles occasions d’affaires telles que la demande croissante de technologies vertes.

Entre-temps, la nouvelle enquête sur les attentes des consommateurs de la Banque du Canada laisse entendre que les attentes des Canadiens à l’égard de la croissance des salaires au cours de la prochaine année se sont maintenues à près de 2 %, juste en deçà de leurs attentes en matière d’inflation.

La nouvelle enquête auprès des consommateurs a également révélé des signaux mitigés sur le marché du travail, les Canadiens constatant à la fois une probabilité accrue de quitter volontairement leur emploi au cours des 12 prochains mois et une probabilité accrue de perdre leur emploi au cours de la prochaine année.

PHOTO D'ARCHIVES LARS HAGBERG, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les Canadiens perçoivent une probabilité accrue de perdre leur emploi au cours de la prochaine année, comme ces employés de General Motors à Oshawa, mis à pied l'an dernier quand l'usine d'assemblage a fermé.

Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des prix des maisons ont légèrement augmenté au quatrième trimestre en Colombie-Britannique, tandis que la croissance attendue en Alberta et en Saskatchewan est demeurée faible.

Vers un assouplissement des taux d’intérêt

La publication de l’Enquête sur les perspectives des entreprises et de l’Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada précédait la prochaine décision de la banque centrale en matière de taux d’intérêt, fixée au 22 janvier. C’est aussi à cette date qu’elle dévoilera la mise à jour de ses prévisions économiques dans son rapport trimestriel sur la politique monétaire.

La Banque du Canada maintient son taux directeur à 1,75 % depuis plus d’un an, alors que d’autres banques centrales du monde entier ont décidé de baisser leurs taux et d’assouplir leur politique monétaire en réponse aux inquiétudes concernant l’économie mondiale.

Cependant, le gouverneur Stephen Poloz a maintenu la cible de taux d’intérêt directeur de la banque centrale à son niveau actuel en raison de ce qu’il considère être la résilience de l’économie canadienne.

PHOTO D'ARCHIVES CARLOS OSORIO, REUTERS

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

« La question reste de savoir si le gouverneur Poloz et son équipe seront à l’aise avec un rythme de croissance inférieur à la tendance au milieu de signes élevés de tensions financières et de ménages et de conditions financières plus strictes », a souligné M. DePratto.

« L’équilibre des risques penche toujours vers un assouplissement ce printemps, mais le calcul des risques à court terme par rapport aux risques à plus long terme suscitera certainement des discussions animées à la Banque du Canada avant les communications et la décision sur les taux de mercredi prochain. »

L’enquête sur les perspectives des entreprises a été réalisée du 13 novembre au 9 décembre.

L’enquête sur les attentes des consommateurs s’appuie sur une enquête en ligne menée auprès d’environ 2000 ménages en novembre.

Selon les normes généralement acceptées de l’industrie du sondage, les sondages en ligne ne peuvent se voir attribuer une marge d’erreur, car ils n’échantillonnent pas la population au hasard.