Les principaux opérateurs de navires du Saint-Laurent tapent du pied. L’année s’achève et ils en sont au même point qu’il y a 12 mois, à attendre impatiemment le dépôt par Québec d’une stratégie maritime qui pourrait, entre autres, les aider à s’attaquer à leur problème de main-d’œuvre.

« Je regardais notre bilan de l’an dernier, on attendait la stratégie maritime et là, on l’attend encore », a découvert la directrice générale des Armateurs du Saint-Laurent, Louise Bédard, en préparant son bilan de 2020.

Le manque de personnel est « vraiment l’enjeu majeur pour nous », affirme Mme Bédard. « Et le problème, c’est que le gouvernement ne le reconnaît pas. »

Dans une analyse produite l’an dernier, les fonctionnaires québécois ont déterminé que le secteur était en équilibre. « Ça nous a vraiment fâchés, c’est complètement faux, estime Mme Bédard. Ils ne vivent pas sur la même planète que nous. »

Bateaux hors service

Mme Bédard estime qu’il manque environ 3000 ou 4000 personnes dans le bassin de main-d’œuvre maritime. L’ennui, c’est qu’un seul absent peut forcer un navire à rester à quai. C’est une situation qui se produit régulièrement, selon elle.

Quand ça arrive, ce sont des livraisons qui ne se font pas, ça affecte l’économie.

Louise Bédard, directrice générale des Armateurs du Saint-Laurent

L’association, qui regroupe les principaux armateurs du Saint-Laurent, des Grands Lacs, des Maritimes et du Grand Nord, souhaite que la stratégie s’attaque à ce problème d’au moins trois façons : en créant des antennes de l’Institut maritime du Québec ailleurs qu’à Rimouski pour la formation, en facilitant l’immigration et en lançant une campagne promotionnelle sur les métiers de la mer.

En plus de la pénurie, les Armateurs du Saint-Laurent aimeraient que la stratégie favorise le transport maritime de courte distance entre, par exemple, le port de Montréal et ceux de Gaspé, Matane, Rimouski et Cacouna, récemment cédés à Québec par Ottawa.

C’est une demande que fait aussi Pôle Québec logistique, un organisme récemment créé pour faciliter le transport de marchandises dans l’est du Québec. Le transport maritime, estime-t-on, pourrait offrir une solution de rechange au camionnage, très cher pour les entreprises de ces régions.

Finalement, on souhaiterait voir Québec aider les armateurs à financer les coûteux systèmes dont ils doivent équiper leurs navires afin de se plier aux nouvelles exigences environnementales.

Retour à la normale

L’industrie maritime a vécu avec un peu de retard sur de nombreux autres secteurs les contrecoups économiques du Grand Confinement du printemps.

« En mai, juin, on a vraiment senti une baisse, affirme Mme Bédard. Mais là, ça s’est stabilisé. Nous avons eu un conseil d’administration récemment et tous les gens étaient contents. On est sur les chiffres de l’an passé pour le mois de novembre, c’est vraiment une belle nouvelle. »