(Québec) Le gouvernement du Québec veut doubler la récolte forestière d’ici 2080 et faire du secteur forestier « un incontournable » dans la relance économique.

C’est ce qu’a annoncé Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), lors d’une conférence de presse virtuelle dans laquelle il a présenté « la Stratégie nationale de production de bois et la Politique d’intégration du bois dans la construction ».

Le gouvernement compte faire passer le volume de bois récolté en forêts publiques et privées de 29 millions de mètres cubes par années actuellement à 33 mm3 en 2025, à 42,9 mm3 en 2050 et à 52,9 mm3 en 2080.

Le MFFP souhaite ainsi doubler, d’ici 2080, le Produit intérieur brut généré par le secteur forestier au Québec afin de le faire passer de 6,3 milliards de dollars à 12,3 milliards.

Selon le ministre Dufour, la forêt au Québec est sous-exploitée. « On va faire fructifier davantage notre capital forestier, tant en forêt publique qu’en forêt privée, en produisant plus de bois de meilleure qualité, tout en conservant un aménagement durable de nos forêts ».

Pierre Dufour a fait valoir que les forêts au Québec se portent bien, que le couvert forestier est stable et que la diversité des écosystèmes « est en bon équilibre ».

En citant le Bureau du forestier en chef du Québec, le ministre Dufour a ajouté que « la pression sur la forêt, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine, n’a jamais été aussi faible au Québec depuis 30 ans ».

Répondre aux besoins du marché

Selon le ministre, des travaux de sylvicultures soutenus permettront de maintenir les forêts en santé, tout en produisant toujours plus de bois de qualité pour l’industrie et ainsi répondre à la demande du marché local et international.

Pour arriver à doubler la production de bois dans les prochaines décennies, le MFFP compte augmenter le volume et la qualité du bois.

« En ayant des arbres qui ont les bonnes essences et les bonnes dimensions et qui sont proches des usines, nous, on fait le pari qu’on va augmenter le pourcentage de bois disponible qui sera récolté. C’est la combinaison de deux facteurs, les travaux sylvicoles et des bois de meilleure qualité », a précisé Alain Sénéchal, sous-ministre associé aux Forêts.

Les documents présentés par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs formulent « cinq axes de travail » qui visent à améliorer les caractéristiques du bois des forêts publiques et privées et ainsi stimuler les activités économiques de l’industrie forestière : la production de bois économiquement intéressant, la valorisation du bois déjà disponible, la contribution de la forêt privée à la richesse collective, la contribution du secteur forestier aux objectifs d’atténuation des changements climatiques et l’innovation et les connaissances.

Des stratégies propres aux régions

Aucun nouvel investissement n’a été annoncé à la conférence de presse et le ministre Dufour a indiqué que chaque région sera invitée à définir sa contribution à la stratégie

« Chacune des régions du Québec participera à l’atteinte des objectifs, par le biais de stratégies régionales qui feront partie intégrante du déploiement des efforts », a souligné le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Valoriser le bois dans l’industrie de la construction

Québec veut encourager l’utilisation du bois, « une ressource locale, durable et renouvelable » dans l’industrie de la construction.

Le gouvernement promet « des mesures ambitieuses » qui permettront de réduire l’empreinte carbone des bâtiments.

La FQM réagit positivement

Après la conférence de presse, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) a réagi de manière favorable à la stratégie du gouvernement.

« La Politique d’intégration du bois dans la construction est une bonne nouvelle pour les municipalités qui démontrent, depuis longtemps, un grand intérêt à intégrer le bois dans leurs constructions », a indiqué Luc Simard, président de la FQM.

Le préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine a toutefois ajouté que pour rendre « la politique plus efficace, il sera important que les incitatifs pour la construction de bâtiments municipaux en bois qui existent présentement soient plus avantageux ».

L’opposition est « fâchée » de ne pas avoir été invitée

Jointe par La Presse Canadienne, la députée Francine Charbonneau, porte-parole du Parti libéral en matière de forêts, de faune et de parcs, a indiqué qu’elle n’avait pas eu l’occasion de consulter la stratégie du ministre, car elle n’avait « pas eu d’invitation formelle ou informelle » à la conférence de presse virtuelle.

L’annonce de la conférence de presse avait été envoyée sur certains fils de presse, mais la députée libérale s’est dite « très fâchée », car « habituellement on reçoit les invitations ».

« Le cabinet du ministre ne nous a pas informés », a-t-elle précisé.